Septembre, mois de Vulcain

Le nom du mois de septembre vient du nombre latin septem, qui signifie “sept”.

C’est, en effet, le septième mois dans le calendrier julien antique, car autrefois l’année romaine commençait en mars.

On a vu dans différents articles que, de janvier à août inclus, les mois romains portaient des noms propres, principalement des noms de dieux, tels Janus ou Mars, ou d’humains divinisés, tels Jules César ou Octave-Auguste.

Cependant, à partir du septième mois, September en latin (et dans plusieurs langues modernes), ce ne sont plus des personnages mais des nombres qui désignent les mois. Ainsi, après septembre, on a octobre (octo veut dire “huit”), novembre (novem, “neuf”) et décembre (decem, “dix”).

Des adjectifs numéraux latins septem (sept) et septimus (septième) proviennent plusieurs mots français : septennal, septennat, septuor, septupler, septuagénaire, septain (poème de sept vers), septidi (septième jour de la décade dans le calendrier révolutionnaire où le mois de septembre correspondait alors à une partie du mois de Fructidor et une autre de Vendémiaire), Septime (nom de l’empereur romain Septime-Sévère) et Septimus (nom d’un savant fou dans la B.D. Blake et Mortimer), Septante (traduction grecque de la Bible hébraïque qui aurait été réalisée par soixante-dix traducteurs, d’où son nom) et le nombre septante, ou soixante-dix, en Suisse et en Belgique, etc.

D’autre part, il n’y avait pas de célébration religieuse notable au cours du mois de septembre dans la Rome de l’Antiquité — ce qui est surprenant !

Pourtant, ce mois était dédié à Vulcain, dieu latin du Feu, qui,  assimilé à l’Héphaïstos grec, travaillait dans sa forge sous l’Etna, un volcan sicilien.

Laid, boiteux et cocu (trompé par son épouse, Vénus, qui lui préférait Mars), ce dieu était réputé pour la qualité de ses ouvrages de ferronnerie.

Homère le décrit forgeant notamment le bouclier d’Achille. D’ailleurs, le peintre espagnol Diego Velasquez représente une vision idéalisée de La Forge de Vulcain (Musée du Prado, Madrid) pour montrer comment les dieux appréciaient son travail :

En sculpture, il est représenté avec sa double hache ou bien avec le bonnet conique en cuir porté habituellement par les artisans dans l’Antiquité :

Ces deux représentations — en marbre et d’époque tardive (IIIè siècle) — donnent de Vulcain une vision puissante et sérieuse, quelque peu austère.

Mais le poète grec Anacréon de Téos (VIè siècle avant notre ère), qui chantait des sujets légers comme le vin, le jeu, le plaisir, a consacré une ode à Vulcain orfèvre : Ô Vulcain, cisèle-moi cet argent ! Ne me fais pas une armure complète — qu’ai-je à faire des combats ? — mais une large coupe aussi profonde qu’il te sera possible … Représente une vigne verdoyante et des raisins qui réjouissent, et les Ménades qui vendangent. Qu’on y voie un pressoir écumeux, et l’Amour avec le riant Bacchus foulant un doux nectar ! (Anthologie des Classiques, par Raoul Vèze, éd. Louis-Michaud, Paris).

On voit alors Vulcain associé à Bacchus, populaire et trépidant dieu du Vin, et à son cortège — ce qui n’a rien d’étonnant, puisque, dans les pays de l’hémisphère Nord producteurs de raisins (telle la France et son vin de Bordeaux), les vendanges ont lieu au mois de … septembre !

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