Juillet comme Julius

Pourquoi Caius JULIUS CAESAR a-t-il donné son nom à juillet, un mois de l’année, au même titre que Janus (janvier), Mars, Aphrodite (avril) et Junon (juin), divinités gréco-romaines ?

Parce que cet homme qui fut tout-puissant à Rome (imperator ou général en chef, homme politique, pontifex maximus ou grand prêtre, et dictateur à vie) est devenu un dieu !

Né le 12 juillet 100 avant notre ère, il porte les tria nomina (trois noms) habituels chez les Romains. Caius (ou Gaius) est son praenomen, Julius son nom de famille (il appartient à la gens Julia ou Iulia, dont l’ancêtre mythique est Iule, petit-fils de Vénus) et Caesar, son cognomen (surnom hérité).

Donc lorsque nous l’appelons “Jules César”, nous utilisons en fait son nom et son surnom. En effet, le prénom, notamment masculin, était réservé à l’intimité familiale et très peu employé en public.

De son vivant, César proclamait déjà son ascendance divine, revendiquant la déesse Vénus au nombre de ses ancêtres. Étant parvenu au sommet de l’État, il fut assassiné le 15 mars 44 (le jour des Ides). Par testament, il avait fait de son petit-neveu Octave son fils adoptif — ce qui, en droit romain, vaut la filiation par le sang. Octave deviendra divi filius (fils d’un dieu) en -42 et l’empereur Auguste en -27.

Car c’est en 42 avant notre ère qu’eut lieu la cérémonie de l’apothéose de Jules César, c’est-à-dire sa transformation officielle en dieu (théos, en grec).

À la fin des Métamorphoses, le poète Ovide, désireux de plaire à Auguste, consacre une centaine de vers à décrire symboliquement cette déification. Il raconte que Vénus, au moment de l’assassinat, enlève du corps de son cher César l’âme qui vient de s’en séparer et, pour l’empêcher de se dissiper dans les airs, elle la porte au milieu des astres du ciel. Cependant elle s’aperçoit que cette âme s’illumine et s’embrase ; elle la laisse échapper de son sein ; l’âme s’envole au-dessus de la lune et, traînant après soi, à travers l’espace, une chevelure de flamme, elle prend la forme d’une étoile brillante (Livre XV, traduction Georges Lafaye, 1925-30).

Dans l’œuvre d’Ovide — une fiction troublante parce qu’elle met en scène à la fin des personnages réels (Livre XV) — il convient de faire la part entre les croyances populaires rapportées par le poète et la flatterie personnelle à laquelle recourt celui-ci. En d’autres mots, les Romains croyaient-ils vraiment que César était devenu un astre (comète) et un dieu ?

Cette cérémonie d’hommage ultime, qui témoignait de l’admiration du peuple romain pour un homme considéré comme un héros du passé, fut “récupérée” politiquement. Selon le Dictionnaire de l’Antiquité (coll. Bouquins, éd. Robert Laffont, p. 853), Auguste, comprenant l’intérêt qu’il avait à développer une telle dévotion, favorisa l’expansion de cette idée en Occident, mais en veillant à ne pas heurter les traditions religieuses romaines.

Voilà pourquoi le nom du dieu Julius a été donné au mois de sa naissance, juillet, ainsi qu’à July (anglais), Juli (allemand), Julio (espagnol) et d’autres. Ce qui est une marque particulière d’honneur, car ce mois de juillet était alors consacré à Jupiter, dieu des dieux et protecteur de Rome.

Politique et religion étant intrinsèquement mêlées, après César, Auguste et les empereurs qui lui succédèrent furent également divinisés et appelés “César(s)”.

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