Iris, fleur à la divine beauté

Les iris, qui éclosent dans nos jardins ou parcs en mai ou juin (selon les pays), portent le nom d’une divinité de la mythologie grecque, souvent associée à Junon, en tant que messagère du printemps.

Bien que déesse secondaire, ne faisant l’objet d’aucun culte, Iris joue un rôle important.

Celui de relier les dieux de l’Olympe et les êtres humains.

Le poète grec Hésiode, dans sa Théogonie (VIIIè-VIIè siècles avant notre ère), la présente comme étant la fille de Thaumas (alias “Étonnement”, lui-même fils de Pontos, “la Mer”) et d’Électra (“Ambre”, fille d’Océan).

Mais loin d’être une créature marine — avec une telle filiation — Iris porte des ailes et se déplace en volant vite. D’ailleurs, son épithète homérique est aux pieds rapides ou aux pieds tourbillonnants (Iliade, XXIV). Il faut dire qu’elle apporte partout, même aux Enfers, les ordres de Zeus/Jupiter et d’Héra/Junon.

Ovide, poète latin du Ier siècle, la met en scène avec Junon dans un épisode des Métamorphoses (Livre XI). Messagère de la reine de l’Olympe, Iris reçoit toute sa confiance : meae fidissima nuntia vocis, fidèle interprète de mes volontés, dit Junon (traduction de Georges Lafaye, Paris, 1925-30).

Au lieu du fruit d’immortalité, Iris remet aux dieux de l’eau du Styx qu’elle puise dans une aiguière d’or (Dictionnaire des Symboles, coll. Bouquins, éd. Robert Laffont, p. 627).

Et en plus d’être une messagère divine, Iris est la déesse de l’Arc-en-ciel : induitur velamina mille colorum/ Iris et arquato caelum curvamine signans, Iris drapée dans ses voiles aux multiples couleurs, traçant derrière elle dans les nues la courbe d’un arc-en-ciel (ibid.).

L’arc-en-ciel représente, pour certains, son voile irisé de mille couleurs ; mais pour Virgile, c’est le chemin qu’elle emprunte.

Arc-en-ciel (France)

Alter ego féminin du dieu Hermès/Mercure — ils sont tous deux messagers des dieux — elle possède les même attributs que lui : des sandales ailées (en or ?) et un caducée avec deux serpents.

On ne dispose pas d’œuvre artistique de l’Antiquité représentant la déesse parée de ces signes distinctifs (sans doute, parce qu’elle n’avait pas de culte).

Mais l’artiste française Élisabeth Vigée-Le Brun a représenté La princesse von und zu Liechstenstein en Iris (à cause de sa beauté céleste) dans une huile sur toile datée de 1793 :

Iris-EVigéeLeBrun

Iris et Hermès, établissant un contact (même fugace) entre les dieux et les mortels, symbolisent donc la liaison entre la Terre et le Ciel.

Je ne sais pas si la plante était utilisée par les anciens Grecs, mais, de nos jours, au Japon, l’iris joue toujours un rôle purificateur et protecteur. Les feuilles d’iris (shōbu) sont placées dans des bains (protection du corps contre les maladies et les esprits pervers) et sur les toits des maisons (protection contre les influences pernicieuses du dehors et contre les incendies), selon le Dictionnaire des Symboles (coll. Bouquins, éd. Robert Laffont, p. 524).

Dans les jardins japonais les plus réputés, comme Korakuen à Tokyo et Kenrokuen à Kanazawa, les shōbu s’étendent à perte de vue, au mois de mai.

Cependant, en grec, Iris est polysémique et désigne, dans l’ordre du dictionnaire : 1- l’arc-en-ciel, 2- un cercle lumineux ou coloré, 3- l’iris de l’œil, 4- la plante.

Ce sont ces mêmes sens que reprend le Petit Robert en français : 1- plante à rhizome, 2- muscle circulaire diversement coloré … dont la contraction ou la dilatation règle la quantité de lumière entrant dans l’œil, 3- arc-en-ciel.

D’où un certain nombre de mots français provenant de cette racine (c’est le cas de le dire !) : “iridacées, iriser, irisation, iridescent, iridien, iridologie, iridium” etc.

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