“Relâche !”

C’est la semaine de relâche à Montréal (Canada), où je séjourne en ce moment (3-9 mars 2014).

Qu’est-ce donc que la “relâche” québécoise ?

S’agit-il d’une période analogue aux Saturnales de la Rome de l’Antiquité, où, pendant trois jours de la fin du mois de décembre, les esclaves commandaient aux maîtres, qui devaient, à leur tour, les servir — bouleversant et régulant ainsi l’ordre social habituel ? Non, ici, ce n’est pas une révolution tranquille !

S’agit-il d’une métaphore maritime, comparant l’année scolaire sinon à une croisière, du moins à une longue traversée nécessitant de s’arrêter, de “faire relâche” dans un port — locution qu’emploie Jules Verne, notamment dans ses romans L’île mystérieuse et Les Enfants du Capitaine Grant ?

En fait, selon le Grand Dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française, la relâche est une “interruption en cours d’année des activités liées à l’enseignement afin de permettre aux élèves de se reposer” (article de 2012, auquel j’emprunte quelques précisions).

L’expression s’applique spécifiquement aux congés de février ou mars (selon les régions), car les mots vacances scolaires au Québec renvoient aux vacances estivales. Comme synonymes de relâche dans le lexique des Canadiens anglophones, on trouve : School break, Mid-term break, Spring break, March break, School vacation, School holidays.

Au total, beaucoup d’expressions pour désigner un moment très attendu dans la vie des étudiants canadiens ! Seraient-ils si “prisonniers” de leurs études qu’il faille relâcher de temps en temps leurs liens?

D’autre part, la définition ci-dessus semble ne concerner que les élèves (c’est moi qui ai souligné) : que font alors les professeurs ?

On peut penser que, tels des acteurs, ils cessent d’être en représentation devant leur public habituel et font “relâche”, comme au théâtre — expression encore utilisée dans ce sens en France, d’ailleurs !

Et par le pouvoir d’un mot (comme dirait Paul Éluard), je voyage à travers la Francophonie, sorte d’Odyssée de l’espace !

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Mon article n’est ni très long, ni très savant. Vaut-il vraiment la peine que je le “relâche” (expression canadienne calque de l’anglais “to release”, pour parler de la publication d’un article ou d’une revue) ?

Que voulez-vous, quelle que soit la langue à laquelle je me réfère, je sens bien que je me relâche !

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