Portugal (septembre 2016) : Coimbra

Coimbra, à environ deux cents kilomètres au Nord de Lisbonne, fut la deuxième étape de mon voyage au Portugal.

L’antique Aeminium, ville de Lusitanie mentionnée par Pline l’Ancien (Histoire Naturelle, Livre 4, § XXXV), a pris le nom de Coimbra au VIè siècle, lorsque l’évêché de Conimbriga, à une quinzaine de kilomètres au Sud, y a été transféré.

“Coimbra”, contraction du nom de “Conimbriga”, fut la capitale du Portugal jusqu’en 1255, avant que ce ne soit Lisbonne. Cité médiévale, elle n’a pas gardé de ruines antiques à la différence de Conimbriga, mais son histoire fait qu’on y remarque des traces de la culture gréco-latine.

En premier lieu, Coimbra possède la plus ancienne université ibérique, après Salamanque (en Espagne).

Créée en 1290 par le roi Dinis Ier, elle siégea tantôt à Lisbonne tantôt à Coimbra, où elle fut définitivement établie en 1537 par le roi Joāo III.

Comme dans toutes les université médiévales européennes, la langue d’étude et de communication à Coimbra était exclusivement le latin. C’est pourquoi la galerie extérieure à colonnes à côté de la tour de l’horloge s’appelle Via Latina.

D’autre part — et comme il convient à un lieu de culture — on rencontre des représentations de la divinité gréco-romaine Minerve, déesse de la Sagesse.

À l’entrée principale de l’université s’étend un magnifique pavement illustrant l’allégorie du savoir sous les traits de la déesse, reconnaissable à son attribut : la chouette ! Et au sommet des escaliers qui font le lien avec la ville basse — escaliers appelés justement Escadas de Minerva — s’élève une  statue du XVIIIè siècle portant l’inscription latine : Sapientia aedificavit (La sagesse a construit).

Parmi les bâtiments de cette remarquable université, d’ailleurs inscrite depuis 2013 au Patrimoine mondial de l’humanité, la fameuse Biblioteca Joanina attire de nombreux visiteurs, curieux de voir les milliers de livres anciens qu’elle recèle.

Sur sa porte monumentale, entourée de colonnes aux chapiteaux apparemment ioniques, on distingue des inscriptions en latin.

Celle d’en haut rappelle sa fondation par le roi Joāo V (qui régna de 1706 à 1750).

Une autre inscription, adressée aux étudiants, figure sur la porte de la prestigieuse bibliothèque : Lusiadae hanc vobis sapientia condidit arcem. Ductores libri miles et arma labor (La sagesse a fondé pour vous cette citadelle de Lusitanie. Les livres sont des guides et le travail, un soldat et des armes — traduction personnelle).

biblioteca-joanina-porte

À l’extérieur de la vaste cour de l’université se dressent des statues modernes anonymes, d’inspiration antique.

Ainsi, devant la faculté des Lettres, peut-on voir un orateur (tel Démosthène) et une muse (Érato, sans doute, à cause de la lyre).

Et devant la Faculté de Médecine, se dressent les statues d’un savant grec (Hippocrate, je pense, car la tablette qu’il tient porte le titre grec ορκος orkos, le serment) et d’un savant médecin (probablement portugais) affichant les titres de ses traités scientifiques écrits en latin.

De plus, dans des endroits de Coimbra autres que l’université, on rencontre des inscriptions en latin classique ou bien ecclésiastique, la plupart datant du XVIIIè siècle.

Par exemple, dans le parc Santa Cruz, en haut du monumental portail deux médaillons célèbrent en vers latins la beauté de la nature liée à la mythologie, tandis que des panneaux d’azulejos (carreaux de faïence bleus, à l’origine) qui tapissent les bancs de pierre affichent des phrases latines extraites de la Bible.

Autre exemple frappant, à une des sorties du Jardin Botanique s’élève l’Aqueduto de Sāo Sabastiāo, construit vers 1570 d’après la configuration de l’antique aqueduc romain qui s’y trouvait auparavant.

aqueduc-coimbra

Ces quelques découvertes effectuées en peu de temps à Coimbra, augurent bien de l’intérêt présenté par Conimbriga, actuellement site archéologique où les vestiges romains sont, eux, authentiquement romains de l’Antiquité.

Mais cela fera l’objet d’un autre article. À suivre …

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