Australie (janvier 2019)

J’ai passé une huitaine de jours fin janvier en Australie.

Quand je voyage, j’aime chercher des “traces” de l’Antiquité gréco-romaine, même dans des lieux insolites. Cette fois encore, j’ai pu glaner des “clins d’oeil” à l’Antiquité, dans ce pays moderne dont je n’ai visité, vu son immensité, qu’une infime partie, au Sud : les villes de Sydney, Eden, Melbourne, ainsi qu’un coin de la Tasmanie.

Australie
Les villes que j’ai visitées

Étymologiquement, le nom de l’Australie provient du latin. L’adjectif australis signifie “du Midi, méridional, austral”, par référence à l’Auster, un vent du Midi violent et qui apportait la pluie sur l’Italie des poètes Virgile et Ovide. De plus, l’Australie est située en Océanie, dont le nom dérive du dieu-fleuve Oceanus, l’Océan.

Oceanus, Palazzo Massimo, Rome

Jusqu’au XVIIè siècle, l’Océanie n’était pas un continent connu. D’ailleurs, un planisphère vu au Portugal indique une Terra australis incognita, soit “une terre australe/méridionale inconnue”.

World of Discoveries, Porto

On sait que l’Australie a été peuplée depuis plusieurs dizaines de millénaires par des Aborigènes, et que plusieurs explorateurs (Hollandais, Espagnols) l’ont “découverte”. Néanmoins, lorsque les Britanniques ont commencé à la coloniser, après les voyages du Capitaine Cook (cartographe et navigateur), vers 1770, ils ont considéré que c’était une terra nullius, un no man’s land – ce qui leur a donné un argument pour se l’approprier !

Old Treasury Building, Melbourne

C’est cette installation britannique à la fin du XVIIIè siècle qui explique qu’on puisse retrouver des éléments gréco-romains dans la vie quotidienne actuelle en Australie.

Mon propos n’est pas de faire une leçon d’Histoire, mais je signale cependant que cette île immense (et les petites îles autour) font désormais partie du Commonwealth d’Australie (depuis 1901).

Mettant de côté les mots directement passés du latin à l’anglais, comme area (emplacement), exit (sortie), arena (stade circulaire), stadium, museum etc. – mots que la langue anglaise contient en abondance -, je me suis attachée à présenter ici des termes ou des images plus ou moins inattendus.

Je commence par Melbourne, ville à laquelle je consacrerai ensuite un autre article, car il y a beaucoup à dire sur elle, bien que j’y sois restée peu de temps !

On y rencontre un mélange des styles architecturaux, de l’époque victorienne à celle des gratte-ciel, et les immeubles cohabitent avec une harmonie certaine.

En plein centre-ville, se trouve le FORUM, non pas une place publique comme à Rome autrefois, mais un théâtre (construit par un architecte américain), théâtre qui accueille des performances musicales et abrite à l’intérieur des statues grecques et romaines (non photographiées).

En face du Forum, the ATRIUM, un lieu public (et non privé, comme dans les maisons romaines antiques), très moderne, qui dispense un peu d’ombre, appréciable car il fait très chaud en janvier. Son “obscurité” correspond au sens étymologique du mot latin atrium (de l’adjectif ater, sombre, noir).

The Atrium, Melbourne

Et dans le quartier commerçant, un grand centre d’achats s’appelle EMPORIUM, mot latin qui vient du grec et qui signifie “marché, place de commerce, entrepôt”.

Outre ces lieux, j’ai pu voir les noms de personnages mythologiques, comme ARGUS et Pégase (PEGASUS),

ainsi que des enseignes d’établissements au nom suggestif : INSIGNIA (qui signifie “marques distinctives”) pour un restaurant, et SINE QUA NON, bijouterie “sans laquelle il n’est pas” possible d’être chic !

La Yarra River, au bord de laquelle Melbourne s’est établie, arbore une devise en latin sur les nombreux lampadaires d’un pont qui l’enjambe.

VIRES ACQUIRIT EUNDO est une citation extraite de l’Énéide de Virgile, où elle évoque le progrès de la rumeur. Elle peut se traduire ici par “Il prend des forces en s’écoulant”, sachant qu’en latin les fleuves sont masculins et représentés, comme Oceanus d’ailleurs, par un dieu barbu.

Après ce rapide coup d’oeil à Melbourne, voici un autre rapide aperçu d’Australie à Eden, port situé sur la Sapphire Coast, à égale distance de Sydney et de Melbourne. Cette petite ville pittoresque fut un port baleinier très actif entre 1828 et 1930, et son musée, datant de 1932, abrite des artefacts relatifs à la chasse à la baleine des siècles passés.

Sa devise est tout un programme : AB INITIO AD INFINITUM :

“du début à l’infini” – reflet, sans doute, de la volonté des habitants de conserver des souvenirs du passé et de le transmettre aux générations futures (car c’est un musée éducatif très pédagogique).

Mais c’est surtout la faune et la flore qui affichent le latin universel de la zoologie :

et de la botanique :

donnant ainsi des informations scientifiques compréhensibles dans le monde entier.

Depuis la fin du XIXè siècle, Eden porte le nom d’un Britannique, George Eden, Baron Auckland (qui donnera aussi son nom à la ville d’Auckland en Nouvelle-Zélande). Osons le jeu de mots : comme son nom l’indique, c’est un petit coin de “paradis” en Australie !

Très différente est la Tasmanie, qui servit surtout de lieu de relégation pour les condamnés britanniques pendant une grande partie du XIXè siècle. N’ayant eu qu’une journée pour visiter les sites historiques de Port-Arthur (à environ 80 kilomètres de Hobart), où fut établi le premier centre pénitentiaire d’Australie, j’ai pu juste apercevoir les noms latins des arbres qui entourent les ruines des bâtiments.

Mais il est important de mentionner ces arbres, souvent gigantesques, car l’eucalyptus est pratiquement emblématique de l’Australie. L’action du soleil sur l’huile diffusée par ses feuilles produit un effet optique de lumière bleue – ce qui justifie le nom des Blue Mountains, haut lieu touristique à une centaine de kilomètres de Sydney.

Sydney, elle-même, comme Melbourne, contient un mélange de styles : néo-gothique, géorgien, classique, italianisant, edwardien etc. Des immeubles à colonnes de style grec côtoient des gratte-ciel.

Çà et là j’ai vu des mots latins : ABACUS (boulier servant à calculer), qui annonce un cabinet d’avocats, EXCELSIOR, nom fréquent d’hôtel (qui signifie “plus élevé”) de standing.

Même le Phénix et la Sphinx figurent dans le paysage urbain !

Le vaste Hyde Park possède une magnifique fontaine, commémorant l’alliance entre l’Australie et la France pendant la Grande Guerre (1914-1918), fontaine oeuvre du sculpteur français François Sicard, érigée en 1932.

Fontaine de Hyde Park

C’est une fontaine mythologique. Au sommet des eaux se trouve Orphée, avec sa lyre,

Orphée

qui domine trois personnages présentés avec leur attribut symbolique : la déesse Diane avec son arc et une biche, le héros Thésée combattant le Minotaure, et Pan, le dieu de la Nature, avec sa fameuse flûte et une chèvre et un bouc, animaux réputés lubriques comme lui !

Bien sûr, l’Australie ce n’est ni Rome ni la Grèce antiques ! Mais j’espère vous avoir donné envie d’y aller, si vous ne connaissez pas. Peut-être alors voudrez-vous déguster une bonne brochette de viande d’agneau, moderne souvlaki ? N’y résistez pas : juste en face du célèbre Opéra de Sydney, c’est Zeus lui-même qui préside le festin !

Sans commentaires !

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