Voici le deuxième vers du poème d’Alain Bosquet (cf. l’article Janus) sur les mois de l’année :
Février pour dire à la neige il faut fondre.
Injonction climatique qui n’est pas souvent applicable au Canada (voir la photo ci-dessus) !
Mais dans la Rome antique, en quoi février était-il un mois essentiel ?
Février (Februarius, en latin) a une étymologie discutée et variée : Februus était-il un dieu ? Februa, une déesse ?
La plupart des dictionnaires lui donnent pour origine la notion de purification : februamentum.
Le champ lexical en latin des mots apparentés contient februatio (purification), Februa (les Fébruales, fête de purification en février), februum (moyen de purification) etc.
Dans son œuvre intitulée Les Fastes, le poète Ovide, au Ier siècle, précise : Februa Romani dixere piamina patres que Maurice Nisard traduit ainsi : “Februa, chez nos pères, signifiait cérémonie expiatoire”. Donc, ce terme a un sens religieux.
Qu’il ait été dédié à plusieurs divinités, féminines telles Junon (protectrice de Rome, portant également le nom de Februalis) et Februa (mère de Mars, dieu de la Guerre), ou masculines comme Neptune (dieu des mers), Februus (dieu peu connu) et Pluton (dieu tout-puissant des Enfers, aussi appelé Febvrius), le mois de février était essentiel à la salubrité morale et à la tranquillité de la Cité. En effet, toute impiété envers les dieux ou les morts, toute faute pouvait être effacée par des rites de purification.
C’est ce que confirme Éloïse Mozzani dans Le Livre des Superstitions (coll. Bouquins, éd. Robert Laffont, p. 741) : Du temps des Romains, le mois de février, du latin februare (“purifier”), était celui des cérémonies expiatoires et de purification, caractéristique qu’on retrouve notamment dans la fête de la Chandeleur (2 février).
La Chandeleur, du latin chrétien festa candelarum, fête des chandelles, commémore la Présentation de Jésus au Temple et la Purification de la Vierge. Une grande procession avec des cierges bénits se déroulait pendant la messe. Ainsi la définit le Dictionnaire Culturel du christianisme (éd. Nathan, p. 72), qui mentionne à la suite un proverbe climatique : À la Chandeleur, l’hiver meurt ou prend rigueur.
Mais faire des crêpes à la Chandeleur porte bonheur !
Proche de la Chandeleur par sa date (3 février) et sa signification (“purification”), la fête de Setsubun au Japon consiste, la nuit tombée, à jeter des fèves de soja grillées à l’extérieur et à l’intérieur des maisons en prononçant la formule : Oniwa soto. Fukuwa uchi, qui veut dire : “Démon dehors ! Bonheur dedans !”
Dans les temples, ce sont parfois des lutteurs de sumo (ou sumotori) qui sont invités à accomplir le geste car ils sont censés porter chance. Ce lancer de fèves (mamemaki) purifie symboliquement le lieu en chassant le malheur, représenté par un démon armé.
À en juger par la taille et la force herculéenne des démons japonais, ce n’est pas trop d’un sumotori pour éloigner le danger !
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