Brève escale aux îles Falkland

Après la péninsule antarctique, nous avons fait une brève escale (le 25 janvier) aux îles Falkland pour aller ensuite en Argentine. 

Les îles Falkland ont un passé historique mouvementé ! On les appelait autrefois  les Malouines — et Jules Verne, au XIXè siècle, les nomme ainsi dans son roman  Vingt mille lieues sous les mers (partie 2, chapitre XVII). Voici ce que Jules Verne écrit à leur sujet : Les Malouines furent probablement découvertes par le célèbre John Davis, qui leur imposa le nom de Davis-Southern-Islands. Plus tard, Richard Hawkins les appela Maiden-Islands, îles de la Vierge. Elles furent ensuite nommées Malouines, au commencement du XVIIIè siècle, par des pêcheurs de Saint-Malo (France).

Le navigateur Bougainville en prit possession au nom du roi Louis XV, en 1763 (ou 1764). Ensuite, elles ont été successivement occupées par des Espagnols, des Anglais (d’où leur nom, celui d’un homme politique anglais), et des Argentins — qui les nomment d’ailleurs Islas Malvinas.

Rattachées à la Couronne britannique en 1833, mais revendiquées par l’Argentine (qui n’est qu’à cinq cents kilomètres), elles ont été l’objet de traités et de tensions entre les deux pays depuis 1820. En 1982, une guerre anglo-argentine, qui dura environ trois mois, se termina par une victoire britannique, le 14 juin. En 2013, un référendum confirma leur rattachement au Royaume-Uni.

Référendum aux Falkland

Géographiquement parlant, l’archipel des Falkland (deux grandes îles et une myriade d’îlots), au Sud de l’Océan atlantique, est situé entre le 51º et le 52º30′ de latitude dans l’hémisphère austral.  On y voit des terres battues par les vents où les arbres poussent penchés, des landes, des marais — donc des terres âpres, peu escarpées — des côtes rocheuses, la mer à perte de vue,

— bref, un endroit apparemment peu hospitalier, qui abrite tout de même environ 3 000 personnes, 500 000 moutons … et un million de pingouins appartenant à cinq espèces différentes (les Rockhopper, King, Gentoo, Magellan et Macaroni — que j’ai vus, sous forme naturalisée, au Musée de Port-Stanley) !

Outre les pingouins, de nombreux oiseaux et des mammifères marins (tels les phoques et les baleines) vivent alentour. Il y a eu aussi, à une certaine époque, une sorte de chien ou loup, appelé “warrah”, ou Canis Antarcticus dans le latin de la zoologie. Dans le même musée local on peut découvrir une reconstitution de cet animal, espèce éteinte depuis les années 1880, et dont la présence sur ces îles resta une énigme pour le savant Charles Darwin, qui y fit escale. 

Nous avons, en effet, débarqué pour quelques heures à Port-Stanley, la capitale des îles Falkland, située à l’Est de l’île de Est. Étirée le long du front de mer, elle se résume, pour les touristes, à une longue rue bordée de bâtiments officiels, de maisons, de monuments commémoratifs et de boutiques de souvenirs très prospères.

En arpentant cette rue (Ross road), j’ai pu remarquer les Jubilee villas (allusion au Jubilee d’or de la reine Victoria, en 1887) ainsi que la maison du Gouvernement (Government House), bâties sous l’administration britannique,

puis la cathédrale Christ Church, la cathédrale anglicane la plus au Sud du monde, construite en 1892 et possédant un carillon de cinq cloches. Devant la cathédrale, une arche faite d’os de baleines bleues, érigée en 1933 (et récemment consolidée par l’ajout de résine), rappelle que Stanley fut un port baleinier jusqu’à une date pas si lointaine (maintenant la chasse à la baleine est interdite).

Contrastant avec le paysage parfois monotone et désolé, les maisons affichent des couleurs : palissades ou toits multicolores égayent la route,

tandis que, devant le Post Office, des cabines téléphoniques rouges semblent nous transporter à Londres !

Port-Stanley, Falkland

Je n’ai pas été étonnée, et cela m’a même fait plaisir, de voir des armoiries portant des devises en latin, car c’est une tradition répandue dans le monde anglo-saxon.

Ainsi, sur le mur d’un entrepôt, ai-je vu le blason de la Falkland Islands Co, Ltd, une compagnie accréditée aux îles Falkland depuis 1852,

 

dont la devise, Fortunati prensos domitare tauros, signifie littéralement “Heureux de dompter des taureaux (qui ont été) pris”. J’ignore ce que faisait (et fait peut-être encore) cette compagnie : une tannerie ? un commerce de peaux ? 

Sur une maison particulière, j’ai vu d’autres armoiries “royales”, comme en témoigne la présence d’un lion et d’une couronne, symboles de royauté.

En-dessous d’autres symboles (couronne de lauriers, symbole de victoire et de pouvoir ; globe terrestre, symbole d’universalité ; ancre de marine, symbole de stabilité et, bien sûr, connotant la mer), et du nom de Gibraltar (possession anglaise également controversée), la devise latine Per mare per terram signifie littéralement “À travers la mer, à travers la terre” (en d’autres mots quelque chose comme “Sur terre et sur mer”). Probablement une allusion à la puissance maritime et aux nombreuses conquêtes territoriales de l’Angleterre du XIXè siècle.

Cette puissance maritime, ce contrôle de la mer, qui, étant donné le climat des îles Falkland, ne peut exister sans navire brise-glace — tout cela est aussi symbolisé par l’Endurance, nom de deux bateaux (photos prises au Musée) qui furent successivement en service de 1967 à 2008.

L’Endurance, dont le nom est déjà révélateur, avait pour devise latine Fortitudine vincimus, qui signifie littéralement  “Nous sommes vainqueurs grâce à notre bravoure” ou bien “Nous l’emportons par le courage”. 

Après cette visite-éclair, saluons les habitants des Falkland qui ont su rester modestes dans leur vision du monde, du moins si l’on comprend cette sculpture du Solar System réalisée en 2004 par l’artiste local Rob Yssel avec du métal recyclé. Dans le système solaire représenté, la Terre est à l’échelle. En quelque endroit qu’on puisse l’imaginer, elle est toute petite !

 

 

 

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