C’était mon premier voyage en Californie. J’ai éprouvé beaucoup de plaisir à déambuler dans San Francisco avec un “œil neuf”. Mais j’en ai eu encore davantage à découvrir, avec mon amie Sandrine qui y réside depuis quelque vingt ans, des facettes un peu moins connues de cette magnifique ville !
Connaissant mon goût pour l’Antiquité gréco-romaine, elle m’a emmenée admirer un extraordinaire site de “ruines antiques” — chose inattendue en Californie.
Il s’agit du Palace of Fine Arts, situé dans le district de la Marina, et dont les immenses bâtiments et beaux jardins, toujours en place, furent le principal centre d’attraction des visiteurs de la Foire Panama-Pacific International Exposition qui se tint à San Francisco du 20 février au 4 décembre 1915.
Ce monumental ensemble, construit en quatre ans seulement, est un des chefs-d’œuvre du prestigieux architecte américain Bernard Maybeck, qui reçut une formation “classique” à l’école des Beaux-Arts de Paris, mais donna ensuite une libre interprétation et une vision personnelle du “classicisme”.
Il n’est que de regarder les personnages en haut des colonnes de ce qui constitue des “propylées” ou portes d’entrée : des “caryatides” d’un nouveau genre tournent le dos au public, et les chapiteaux, plus que “corinthiens” sont composites.
On dit que Maybeck, qui accordait de l’importance aux sentiments du spectateur, conçut le Palace of Fine Arts pour évoquer, en Californie, la tristesse et la beauté de regarder des ruines romaines. D’ailleurs, il est vrai que, selon la lumière du jour — beau temps, mauvais temps — les pierres changent de couleur, et le lieu d’atmosphère.
Ce Palais accueillit 11 403 œuvres d’art et plus de 19 millions de visiteurs durant l’Exposition Internationale. Et, détail amusant (mais je n’en ai pas de photo), le logo de l’Exposition figurant sur les affiches publicitaires de l’époque montrait le demi-dieu Hercule en train d’exécuter son “Treizième Travail” — en l’occurrence percer le Canal de Panama, qui venait juste d’être terminé !
Quand on prête attention aux innombrables détails architecturaux, on peut penser que la réalisation de l’herculéen Palace of Fine Arts en est le Quatorzième !
Désormais centenaire, ce Palais de “ruines” est le dernier vestige de l’Exposition Internationale qui permit à San Francisco de retrouver, après le désastreux séisme de 1906, un rôle de premier plan, en Californie et même au-delà, dans les domaines de l’Industrie et des Affaires comme dans la Culture et les Arts.
Un site qui valait la visite, voire le voyage !