Après huit jours passés à San Francisco et d’autres lieux de la Californie, je reviens avec plein d’images dans les yeux et de photos sur mon appareil.
C’est la raison pour laquelle je partagerai mon compte rendu de voyage en plusieurs parties.
La première est consacrée seulement à la ville de San Francisco (Only in San Francisco). C’est un endroit où il est difficile d’aller sans en avoir déjà entendu parler, notamment par des paroles de chansons (hippies ou non), des séries télévisées, ou des films ! Donc on y arrive souvent avec des idées, des images mentales et des attentes.
Bien sûr, je suis allée visiter les sites touristiques à ne pas manquer. Mais mon intention est ici de montrer, avec quelques documents authentiques, comment la cité américaine moderne a actualisé beaucoup de références au monde gréco-romain de l’Antiquité !
Pour commencer, le symbole de la ville est le Phénix, l’oiseau fabuleux qui se consume puis renaît de ses cendres.
Entre décembre 1849 et juin 1851, le feu a détruit six fois le centre-ville de San Francisco avec ses maisons en bois. L’amélioration du système de distribution de l’eau, le développement des brigades modernes de pompiers (qui ont fait du Phénix leur emblème) et l’utilisation de matériaux moins inflammables ont marqué la fin de cette succession d’incendies.
Présent dans de nombreux mythes et religions du monde, ainsi que dans les aventures d’Harry Potter, le Phénix symbolise résurrection et immortalité, résurgence cyclique (Dictionnaire des Symboles, coll. Bouquins, éd. Robert Laffont, p. 747).
Outre cet oiseau, protecteur bien approprié, les citoyens de San Francisco ont adopté un autre emblème divin : il s’agit de la déesse gréco-romaine Athéna/Minerve.
En effet, le Grand Sceau de la Californie, qui arbore plusieurs éléments significatifs de l’Histoire de l’État, met en valeur l’ex-protectrice d’Athènes et de Rome.
La déesse symbolise la Sagesse.
Quant à la lance, son habituel attribut, elle symbolise la force de l’autorité publique avant celle de la personne humaine… elle occupait une place symbolique dans ce qui relevait du Droit : elle protégeait les contrats, les procédures, les débats (Symboles, p. 559).
Détail intéressant, en haut du Sceau, on peut lire le verbe grec “Eurêka” (ηυρηκα J’ai trouvé) — célèbre exclamation que l’on prête au savant Archimède lorsqu’il découvrit “le principe d’Archimède”, au IIIè siècle avant notre ère.
Ce mot a servi aussi à baptiser un des ferryboats ancré à quai :
Non loin du bâtiment porteur du Grand Sceau, se trouvent l’Hôtel de Ville, dont l’architecture s’inspire des monuments antiques, ainsi que la statue de l’avocat Mc Allister tenant dans sa main un livre où figure le mot latin LEX (la loi) en majuscules.
Le latin est encore la langue du Droit dans de nombreux pays, et on le voit sur cette publicité pour une université locale, dont la devise latine Fiat justitia (Que justice soit faite !) est en même temps un jeu de mots sur la finalité de cette institution.
Si Athéna/Minerve protège l’État de Californie, le dieu Hermès/Mercure, lui, en protège le Commerce — c’est d’ailleurs sa fonction première ! On le voit ici figurer sur un fronton d’immeuble, alors que certains bâtiments possèdent une architecture de temple grec due à leur style Greek Revival (mouvement architectural en vigueur aux États-Unis pendant les XVIIIè et XIXè siècles).
San Francisco est une ville née de la mer. Marins et voyageurs y ont également leurs dieux et mythes importés de l’Antiquité.
Au hasard de mes déambulations, j’ai vu des enseignes d’hôtels comme celles-ci, qui réfèrent au voyage de Jason et des Argonautes ainsi qu’au dieu Triton
tandis que le Visitor Center affiche un humoristique diplôme décerné en 1942 au nom du dieu Neptune (Neptunus Rex) lui-même !
Et, en guise de conclusion pour cet inventaire éclectique comme la ville, j’ose terminer sur la publicité d’un nom grec, passé en latin, puis en français tel quel : κανναβις cannabis (le chanvre) !
L’époque des hippies et du “chanvre indien”, c’étaient les années 1960-70.
Visiblement, la mode perdure.