Danemark (avril 2014) : Aarhus (Urbs Arhusiensis)

Ce sont les Vikings, et non les Romains, qui, au VIIIè siècle, ont fondé Aarhus, au Nord du Danemark. Et pourtant, en trois jours, dans cette ville moderne et très dynamique, j’ai pu voir des références linguistiques et architecturales à l’Antiquité !

Aarhus doit sa renommée à son université, créée en 1928, qui, en attirant plus de 40.000 étudiants par an (13% de sa population), en fait proportionnellement “la ville la plus studieuse du Danemark” (selon l’Office du Tourisme).

Cette université possède une devise en latin : Solidum petit in profundis, qui signifie mot à mot “Il cherche une base solide dans les profondeurs” (traduction personnelle).

Je n’ai pas l’explication officielle de cette devise, mais, en cherchant dans le Dictionnaire des Symboles (coll. Bouquins, éd. Robert Laffont, p. 39) ce que signifiaient la présence des dauphins et de l’ancre marine — présence bien compréhensible dans une cité portuaire — voici ce que j’ai trouvé.

L’ancre symbolise la partie stable de notre être, celle qui nous permet de garder une calme lucidité devant le flot des sensations et des sentiments. En ce sens, elle peut aussi être une barrière, un retard, et c’est sans doute ce qu’elle signifie quand, liée au dauphin qui est la rapidité même, elle apparaît comme une illustration de la devise d’Auguste : Festina lente (hâte-toi lentement !).
C’est donc un art de vivre que propose cette alliance de l’ancre et des dauphins. La rapidité du dauphin et la stabilité de l’ancre symbolisent la rapidité dans l’action et la fermeté de la décision.

Quant au sens de la phrase, il peut être élucidé par cet autre commentaire : L’ancre symbolise aussi le conflit du solide et du liquide, de la terre et de l’eau. Il faut que le conflit soit résolu, pour que la terre et l’eau conjuguées favorisent une évolution féconde (ibid.). Sachant que le dauphin symbolise aussi la sagesse, ici c’est un encouragement à approfondir l’étude qui est exprimé — ce qui est normal pour une université !

Dans cette université il y a un musée Antikmuseet, qui, comme son nom l’indique, est dédié à l’Antiquité, égyptienne et gréco-latine. Y sont mises en scène des copies des sculptures exposées dans la Ny Carlsberg Glyptotek de Copenhague.

Voici, par exemple, une partie du fronton du Parthénon d’Athènes et deux athlètes :

Dans ce musée (dont l’entrée est gratuite) on remarque, en outre, un panneau inventoriant les éléments architecturaux d’inspiration antique dans les bâtiments de la ville d’Aarhus. Le nom de la rue et le numéro de l’édifice sont indiqués sous chaque photo :

Ainsi peut-on, en se promenant, admirer des colonnes à chapiteaux dorique, ionique ou corinthien (les trois ordres grecs), comme, par exemple, sur ces immeubles :

Enfin, au cœur de la ville, près de la cathédrale, il y a un “Quartier latin”.

Et, près du théâtre à la décoration composite, la blanche École de Musique et des Beaux-Arts arbore, elle aussi, une devise en latin : Nil non mortale tenemus pectoris exceptis ingeniique bonis, c’est-à-dire mot à mot : “Nous ne tenons rien comme n’étant pas mortel, les biens du cœur et de l’esprit exceptés”. En d’autres mots : Rien n’est immortel, sauf les productions du cœur et de l’esprit (traduction personnelle).

C’est tout un programme humaniste, très approprié à une ville universitaire, qui est résumé par la devise de cet ancien et toujours actuel lieu de culture.

Le slogan moderne qui s’affiche, en anglais, dans la gare (Aarhus is not just a city, it’s a feeling) en donne un équivalent inspirant et très invitant.

Invitation quasi baudelairienne au voyage ?

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