Voici l’explication étymologique de notions usuelles liées aux succès scolaires, qui font suite à l’article Des mots de l’école qui viennent du latin.
1. Palmarès :
ce nom vient du latin palmaris (“qui mérite la palme”), lui-même issu de palma qui désigne la palme, la feuille de palmier.
La liesse populaire, la récompense et la victoire sont, dans toute l’Antiquité, symbolisées par des feuillages, des branchages, étendus sur le sol ou donnés aux vainqueurs, militaires et sportifs, ou aux élus. Par exemple, les vainqueurs aux Jeux Olympiques recevaient une couronne de feuilles de l’olivier sacré qui poussait dans le sanctuaire de Zeus à Olympie. Dans la religion catholique, la fête des Rameaux, une semaine avant la Passion puis Pâques, célèbre l’entrée triomphale du Christ à Jérusalem.
Apulée, auteur latin, dans son roman intitulé L’Âne d’or ou Les Métamorphoses (IIè siècle de notre ère), désigne la Victoire par la périphrase palmaris dea (“déesse qui mérite la palme”).
On comprend donc pourquoi l’on peut dire d’un(e) élève qui a obtenu des succès scolaire qu’il/elle a un beau palmarès !
2. Diplôme :
ce nom vient du grec διπλωμα (diploma) qui signifie :
a) objet double (d’où le mot latin puis français duplicata qui est une copie, et aussi le duplex, appartement « double »)
b) plié en deux (depuis 1829 c’est, selon le dictionnaire Robert, un acte ou papier officiel « plié en deux », qui confère et atteste un titre ou grade).
Un diplôme est généralement décerné pour attester de succès scolaires aux examens (ou autres exigences académiques). Il a donc une connotation positive.
3. Baccalauréat :
ce nom est composé des mots latins bacca (baie) et laurea (de laurier). Le laurier symbolise la victoire depuis la création en Grèce des Jeux Pythiques, en l’honneur du dieu Apollon. En effet, celui-ci avait poursuivi la nymphe Daphné, qui, pour lui échapper, avait été métamorphosée en laurier (récit d’Ovide dans Les Métamorphoses, Ier siècle de notre ère).
Tant que durèrent les Jeux antiques, les vainqueurs des Jeux Pythiques de Delphes recevaient une couronne de laurier. Ensuite, à Rome, la couronne de laurier fut attribuée aux généraux victorieux, lors des cérémonies de triomphe. Celle de Jules César, qui avait obtenu le privilège de la porter sans cesse (pour cacher sa calvitie, dit Suétone), est bien connue, y compris des lecteurs d’Astérix !
Au Moyen Age, en Occident, les universités reprirent le symbolisme de cette couronne. Ainsi devenait baccalaureatus “bachelier”, l’étudiant qui avait réussi ses études supérieures et reçu, au moins symboliquement, la couronne du vainqueur pour ses succès scolaires.
De nos jours, au Canada, le “baccalauréat” est un diplôme qui couronne trois (ou quatre) années d’études dans une université. Quand les étudiants appelés, en anglais, “undergraduates” (en français, ce sont les “études sous-graduées”) ont accompli correctement le cursus, ils reçoivent leur diplôme lors de la cérémonie de “graduation” et deviennent “bachelors” (bacheliers). Par exemple, un(e) diplômé(e) en Lettres, Histoire, Langues devient Bachelor of Arts (abrégé en B.A. dans le Curriculum Vitae).
Ces diplômes s’accompagnent de mentions en latin, pour ceux qui ont eu de bons résultats : cum laude (mention AB), magna cum laude (mention B), summa cum laude (mention TB).
Fait notable, l’université anglophone Mc Gill de Montréal décerne ses diplômes entièrement rédigés en latin : tradition remontant à la création des universités en Europe au XIIIè siècle, mais aussi moyen de ne froisser ni les francophones ni les anglophones, en favorisant l’un des groupes linguistiques plutôt que l’autre.
Enfin, à une époque déjà ancienne mais encore présente dans l’esprit de certains, l’école française délivrait un Satisfecit à ceux qui avaient “satisfait” les enseignants en acquérant les compétences exigées à leur niveau, ainsi qu’un Exeat (littéralement, “qu’il/elle sorte !”) à tous ceux qui quittaient l’établissement à la fin de leurs études.
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