Chicago (mai 2018)

De quelques jours récemment passés à Chicago, je rapporte une moisson de photos se référant à l’Antiquité gréco-romaine !

En effet, une des attractions touristiques les plus prisées — où je n’ai pas manqué d’aller — est une “croisière d’architecture” qui permet d’admirer les gratte-ciel à partir de la rivière (Chicago River).

On prend ainsi conscience de la splendeur et de la variété des édifices, et l’œil s’exerce à trouver les détails caractéristiques d’un style (Arts Deco, Black Box House, Contextualism etc.), ou au contraire insolites.

C’est pourquoi, mentionner des références à l’Antiquité gréco-romaine dans la Chicago actuelle n’est qu’un apparent paradoxe !

Car dans cette ville américaine ultra-moderne, ressuscitée de ses cendres après le Grand Incendie d’octobre 1871 (et surnommée de ce fait The Second City), les nombreux immigrants venus d’Europe ont apporté des traces culturelles de ces anciennes civilisations — traces disséminées çà et là.

En voici une petite sélection.

Tout d’abord, au Chicago Cultural Center, la devise écrite sur les armoiries de la cité est en latin : URBS IN HORTO. Elle signifie : “Une ville dans un jardin”.

Devise de Chicago

Bien qu’antérieure à la révolution architecturale commencée à la fin du XIXème siècle, elle s’applique toujours à cette ville dont l’urbanisme fait une large place aux espaces verts. En témoigne cette photo prise en plongée du Skydeck de la Willis Tower, le plus haut point d’observation de Chicago, à 412 mètres de hauteur. On y voit les gratte-ciel, certes, mais aussi la verdure des parcs, et le bleu du Lac Michigan.

Vue de Chicago

Inversement, quand, depuis la rivière, on regarde de bas en haut, on aperçoit au milieu des bâtiments un édifice (Chicago Board of Trade Building, 1930) portant à son sommet une statue.

Cette statue représente Cérès, la déesse romaine de l’agriculture et des grains (“céréales”), qui symbolise les richesses en blé de l’Illinois et rappelle que Chicago est, depuis trois siècles au moins, un carrefour commercial très actif. Ainsi les habitants sont-ils placés jour et nuit sous la bienveillance de Cérès !

Dans les rues, on passe devant des constructions du XIXème siècle, en pierre, de style “grec” : ce sont souvent des immeubles grandioses ou cossus, tels des bibliothèques, gares, banques, centres d’affaires etc.

Leurs colonnes sont surmontées de chapiteaux appartenant à plusieurs ordres architecturaux de la Grèce antique : ionique, corinthien, composite.

Certains musées aussi ont des allures de Parthénon ou d’Érechtheion (avec les Caryatides), tel le Field Museum (musée d’histoire naturelle).

Et même au cœur du Loop (le centre historique et financier), on peut remarquer sur les murs des immeubles tel ou tel détail évoquant des civilisations anciennes.

Par exemple, ce haut-relief rappelle les frises du palais royal de Persépolis (VI-Vèmes siècles avant notre ère),

ce symbole romain du pouvoir des consuls (le faisceau de baguettes et la hache des licteurs) figure sur le City Hall,

bâtiment qui a été terminé en 1909, comme l’indique la date. ANNO DOMINI (abrégée en A.D.), littéralement “en l’année du Seigneur”, qualifie l’ère chrétienne.

Toujours dans le Loop, on rencontre également des personnages mythologiques, comme Icare,

et la Renommée (datée de 1928), divinité romaine volant au-dessus des hommes et soufflant dans sa trompe pour les entraîner vers de grands desseins (comme elle était apparue à Jules César avant qu’il ne franchisse le Rubicon),

quand ce n’est pas, au coin d’une rue, une réplique de la fameuse Victoire de Samothrace, qui symbolise glorieusement toute victoire !

Dans un autre article, je montrerai quelques trouvailles gréco-romaines faites en visitant certains monuments.

Mais, pour conclure sur le fait que Chicago affiche délibérément une culture “latine” modernisée, voici une publicité originale pour une des universités de la ville :

Sachant que l’Université (en tant qu’institution), aux États-Unis et au Canada anglophone, est aussi désignée par l’appellation latine ALMA MATER (“la mère nourricière”), le jeu de mots sur le nom latin “mater = mère” et le verbe anglais “matters = elle a de l’importance” révèle que, même de nos jours, la langue latine peut séduire les jeunes gens !

4 thoughts on “Chicago (mai 2018)

  1. Toujours aussi intéressant.Quel œil d’experte tu as! Il est à noter que la bourse de Chicago est LA bourse mondiale où sont cotées les céréales.Les cours mondiaux des céréales y sont donc décidés. Les pays du Sud ne maitrisent donc pas le prix de vente de leurs propres céréales. Enfin, la statue de Cérès n’a pas de visage. L’architecte avait estimé en son temps que le building serait tellement haut, le plus haut à son inauguration, qu’on ne pourrait pas le voir. En fait, je trouve que cette statue sans visage entretient son identité art déco aussi!

    1. Merci beaucoup pour ces précieux renseignements additionnels ! Cérès la “sans visage” est un personnage important dans l’oeuvre du poète français Yves Bonnefoy.

  2. Super intéressant. Merci.
    Bien hâte de découvrir cette ville maintenant. Je reviens de Sicile où je me suis régalée des yeux.

    1. C’est vrai, Chicago mérite une visite ! Quant à la Sicile, c’est un magnifique pays aussi ! J’y suis allée en 2006, mais à l’époque je n’avais pas de blog ! Heureuse de savoir que vous avez apprécié.

Pour laisser un commentaire, utilisez "Contact"