Hawaii (décembre 2015-janvier 2016)

Aloha ! Je viens de passer deux semaines à Hawaii — je devrais dire plutôt dans l’archipel hawaïen, où j’ai visité les îles d’O’ahu (où se trouve Honolulu), de Kaua’i (au Nord) et d’Hawai’i alias “The Big Island” (au Sud).

Le seul nom d’Hawaii fait surgir dans les esprits les images d’un paradis terrestre : plages, canyons, volcans, ciel bleu et soleil. Et, bien sûr, toute une flore et une faune insolites et superbes, pour embellir le mythe !

Alors, pour confirmer cette vision idyllique — devenue un cliché dans les films hollywoodiens, mais encore largement soutenue par l’Hawaii Visitors and Convention Bureau —, je vous propose d’abord un panorama de quelques merveilles naturelles. Ensuite, nous parlerons de la langue et de la culture hawaïennes.

Dans les trois îles que j’ai visitées — sur les huit de l’archipel — la mer offre des rivages variés : plages sauvages ou hospitalières, baies désertes ou habitées. Hiver comme été, on peut se baigner. Sur les grosses vagues, on pratique le surf, sport né à Hawaii.

Cet archipel surgi de la mer est volcanique. On peut marcher dans des cratères éteints ou admirer, de loin, l’activité de la lave.

L’aridité du sol contraste avec l’abondance en eaux vives — et ce, dans des lieux peu distants les uns des autres. Du coup, dans la même journée, il est possible de passer d’un désert à une jungle !

Le plus souvent bleu, le ciel s’ennuage rapidement, et, en hiver (de novembre à avril), des pluies passagères créent des effets de lumière magnifiques.

C’est le pays des arcs-en-ciel — qui figurent symboliquement sur les plaques minéralogiques — et des couchers de soleil romantiques !

Dans ces paysages luxuriants, la faune se fait discrète, mais il y a des animaux qui circulent librement un peu partout : coq, cochon noir, gecko (le “vrai” gecko que j’ai photographié est trop petit, alors j’affiche un T-shirt humoristique !) et nēnē (oies indigènes).

Quant aux créatures marines (baleines à bosse, dauphins et poissons), désolée ! j’en ai vu, mais n’ai pas pu les photographier !

Enfin, pour en “finir” avec la Nature, fleurs et fruits remportent la palme de l’abondance et de la beauté !

En voici quelques spécimens :

Cette féerie pour les sens a enchanté mon séjour. Tous étaient sollicités : la vue, le goût, l’ouïe et l’odorat. Dommage que je ne puisse pas faire ici entendre les chants d’oiseaux ou le son du ‘uku.lele, ni sentir le parfum du liliko’i (fruit de la passion) !

Mais j’ai été également frappée par la vitalité de la culture hawaïenne. Un guide tiré du livre The Voices of Eden : A History of Hawaiian Language Studies par Albert J. Schütz (professeur de Linguistique à l’Université d’Hawaii) et publié par Island Heritage Publishing en 2015, m’a aidée à mieux comprendre. J’en résume certaines notions.

Transmise oralement pendant des siècles, la Tradition a été fixée par écrit vers 1820. À cette date, des missionnaires venus de Nouvelle-Angleterre créent un alphabet (12 lettres , dont les 5 voyelles latines “a, e, i, o, u”, 7 consonnes, et un “glottal stop”, l’apostrophe). Ainsi a-t-il été possible non seulement de traduire la Bible (but premier des missionnaires qui voulaient évangéliser les populations à Hawaii), mais aussi de transcrire des récits mythologiques.

La mythologie hawaïenne raconte la Création du Monde, comme la Genèse biblique ou bien la mythologie grecque. Au commencement, il y avait Wakea (le Ciel, mâle — analogue à l’Ouranos grec) et Papa (la Terre, femelle, comme Gaïa). Les humains sont leurs enfants. D’autres dieux constituaient le panthéon des Hawaïens polythéistes : Kane (divinité de la Vie, la Lumière et l’Eau), Kanaloa (la Mer), Lono (l’Agriculture) et Ku (la Guerre, le Courage), ainsi que Pele (déesse des volcans) — semblables aux dieux gréco-latins Poséidon/Neptune, Chronos/Saturne ou Arès/Mars. Il y avait même un certain Maui, qui donna le feu aux Hommes (comme Prométhée) et fit sortir les îles de la mer en les pêchant avec un hameçon magique.

Les aléas de l’Histoire firent que l’archipel devint, en 1959, le 50ème État et adopta le modus vivendi des autres Américains. Les Hawaïens avaient noué des liens commerciaux avec les États-Unis vers la fin des années 1860, mais subi le déclin progressif de leur langue — déclin dû à la raréfaction de son enseignement et de son usage jusque vers 1930.

Heureusement, depuis les années 1970, la langue et la culture connaissent une renaissance ! La preuve en est faite par les nombreux mots hawaïens émaillant panneaux ou discours en anglais.

Pour saluer, on emploie aloha, terme respectueux signifiant à la fois “Bonjour, Au revoir et Amour”. Pour dire “au revoir”, la formule A hui hou s’utilise aussi.

E Komo mai souhaite la bienvenue, tandis que mahalo remercie. On les entend ou voit souvent.

Bien sûr, les noms de plantes locales sont en hawaïen — même si leur classification universelle est en latin, comme tout ce qui est botanique !

C’est le cas pour ces fleurs qui parsèment le bord du cratère du Kilauea, dans l’île d’Hawaii :

Il est fait mention d’autres végétaux dans l’affiche ci-dessous, que j’ai vue à Kauai : le koa est un acacia indigène, qui sert à faire des canots ; le maile est un arbuste, indigène aussi, avec le feuillage duquel sont confectionnées les lei, superbes colliers (de feuilles, fleurs, coquillages ou plumes) offerts en signe d’affection, et tellement symboliques de l’accueil hawaïen qu’ils font l’objet d’une fête nationale (Lei Day, le 1er mai).

Koa-maile-lei-Hawaïen

Dans les volcans, la piste est balisée par des cairns, nommés ahu.

Et le cratère du Diamond Head à Waikiki (quartier d’Honolulu) s’appelle originellement Lé’ahi.

Comme j’y suis allée pendant la période des fêtes de fin d’année, j’ai vu et entendu des souhaits. Mele Kaliki.maka équivaut à “Joyeux Noël” ; le terme mele signifie “chant” et rappelle la tradition des cantiques chrétiens aussi bien que celle des hymnes aux divinités hawaïennes.

Hau.’oli Maka.hiki Hou signifie “Bonne Année”, et met aussi l’accent, à l’origine, sur le chant (oli, chant non accompagné de danse).

Joyeux Noël et Bonne Année

Enfin, hommes (kane) et femmes (wahine) savent où se diriger lorsque nécessaire.

La langue hawaïenne appartient à la famille des langues polynésiennes, disséminées dans l’Océan Pacifique. Au sein de cette famille, le tahitien, le maori et l’hawaïen sont proches. B et P ne s’y distinguent pas l’un de l’autre, pas plus que T et K ni que V et W.

Ainsi, le mot wahine (hawaïen et maori) se dit vahine en tahitien. Il est passé en français, sous la forme “vahiné”, à la fin du XIXè siècle, sous l’influence de Paul Gauguin — établi pendant quelques années à Tahiti et dont certaines peintures portent un titre tahitien (Arearea Joyeusetés I, 1892 ; Te pape nave nave L’Eau délicieuse, 1898 etc.).

Outre “vahiné”, et des mots désignant des réalités culturelles comme “monoi” (parfum), “ukulele” (instrument de musique) et “hula hoop” (cerceau pour s’entraîner à danser la hula), le français a aussi adopté le terme hawaïen kapu ou tabu, en tahitien — qui signifie “interdit” et a été transcrit sous la forme “tabou”.

Ua pau : FIN !

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