Le 21 décembre marque le solstice d’hiver — position du soleil qui en fait le jour le plus court de l’année dans l’hémisphère Nord.
D’ailleurs, selon le dictionnaire Gaffiot, Cicéron, César et d’autres auteurs latins utilisaient le nom bruma — provenant du verbe brevio, raccourcir — pour le désigner et exprimer ainsi la brièveté du “jour”, c’est-à-dire de la lumière et/ou du soleil.
Assimiler le jour à la lumière du soleil, c’est aussi ce que font les Japonais, dans la langue desquels les deux notions sont synonymes.
On voit bien l’origine de l’idéogramme “hi”/”nichi” signifiant “jour” dans ce manuel destiné aux écoliers apprenant à lire (de droite à gauche) :
C’est pourquoi, en japonais, le nom même du Japon, “Nihon” alias “Le Pays du soleil levant”, contient cet idéogramme.
Quant au mot “solstice”, il vient du latin solstitium, qui signifie littéralement : “position du soleil”.
Il appartient à la même famille que les mots français suivants : solaire, un solarium, un parasol, une insolation, la solarisation (effet photographique), un tournesol, un pare-soleil, l’ensoleillement, un bain de soleil, un déjeuner de soleil (étoffe dont la couleur passe vite, puis, au sens figuré, chose qui passe vite : sentiment, résolution etc.).
On dit que pour flatter Louis XIV, le Roi-Soleil, un courtisan érudit inventa la devise Soli soli soli, qui signifie, en trois paronymes latins : “Au seul soleil de la Terre” (littéralement, “Au seul soleil du sol”) !
Le symbolisme des solstices doit retenir l’attention en ce qu’il ne coïncide pas avec le caractère général des saisons correspondantes. En effet, c’est le solstice d’hiver qui ouvre la phase ascendante du cycle annuel ; le solstice d’été qui ouvre la phase descendante ; d’où le symbolisme gréco-latin des “portes solsticiales” représenté par les deux faces de Janus ; ultérieurement par les deux Saint-Jean, d’hiver et d’été. Il est aisé de constater que c’est la porte hivernale qui introduit à la phase lumineuse du cycle, la porte estivale à sa phase d’obscurcissement. On a noté à ce propos la naissance du Christ au solstice d’hiver, celle du Baptiste au solstice d’été (Dictionnaire des Symboles, coll. Bouquins, éd. Robert Laffont, p. 896-897).
Symboliquement, le soleil possède de nombreuses significations, majoritairement positives. Il est symbole de la vie, de la chaleur, du jour, de la lumière, de l’autorité, du sexe masculin et de tout ce qui rayonne (ibid.). Il est, de plus, l’emblème du Christ … appelé Sol justitiae (Soleil de justice) et aussi Sol invictus (Soleil invaincu).
Or la fête du Sol invictus était célébrée à Rome le 25 décembre, en l’honneur du très populaire dieu Mithra, depuis le Ier siècle avant notre ère. Plus tard, les Pères de l’Église, désireux de commuer les croyances païennes en pratiques chrétiennes, imposèrent, sous le règne de Constantin au IVè siècle, la date du 25 décembre comme étant celle de la naissance du Christ (la Nativité).
D’autre part, les Gaulois, Germains et Scandinaves célébraient le solstice d’hiver (fête celte de Yule). On observera encore que le mot Noël vient du latin natalis (se rapportant à la naissance de Jésus). Pour certains toutefois, ce mot pourrait venir de nouvel, nouveau, nouvé, noué (en patois) rappelant qu’autrefois la nouvelle année commençait au solstice d’hiver, aux environs de Noël (Le Livre des superstitions, coll. Bouquins, éd. Robert Laffont, p. 1191-1203).
Il ressort de tout cela que la fête de Noël telle qu’elle s’est constituée pour célébrer la Nativité est complexe. Elle contient les notions de lumière (d’où les chandelles et autres illuminations) et de solstice (d’où la bûche de bois, brûlée en symbole du soleil renaissant, chez les Celtes — bûche devenue par la suite un dessert au chocolat servi à la fin du repas de Noël).
Les échanges de cadeaux, eux, se font à l’imitation de ce que pratiquaient les antiques Romains, qui s’offraient des présents le jour de l’An. Les strenæ (d’où vient le mot “étrennes”) étaient des présents qu’on fait un jour de fête pour servir de bon présage, selon la définition du dictionnaire Gaffiot.
Enfin, dans de nombreux pays, “Noël” se traduit par des mots se rapportant à la naissance du Christ (Navidad, en espagnol, Natale en italien, Christmas en anglais, Christougenna, en grec moderne, kurisumasu en japonais) ou à la fête solsticiale de Yule (Jul, en suédois, danois et norvégien).
Joyeux Solstice !
Excellent de l’excÉllence de notre Culture judéo-chrétienne grécolatine celle-la même qui a fait que l’Europe a transmis à toute la planète la somme de ses inventions