Après un mois de voyage au Japon, j’ai visité plusieurs endroits de l’archipel, du Kyushu jusqu’au cœur du Honshu.
On ne va pas au Japon pour retrouver des traces de l’Antiquité gréco-romaine ! Pourtant, dans certaines villes, j’ai pu voir des éléments de ces cultures — éléments que les Japonais modernes ont intégrés à leur actuel mode de vie.
En voici quelques preuves.
D’abord, dans la botanique, dont la langue universelle est le latin (et c’est parfois plus facile à lire !). Par exemple, à Izumo (à l’Ouest, près de la Mer du Japon), dans le parc du sanctuaire qui fait la réputation de la ville, voici un prunus en fleurs.
Ensuite, pour qualifier des lieux d’enseignement et de savoir, on retrouve du latin. Ainsi, à Kamakura, l’Université des Femmes arbore-t-elle cette devise : Gratia et ministerium — ce qui veut dire : “Grâce (ou gratitude) et service”.
Autre usage quasi universel du latin, celui de l’Église catholique. À Nagasaki, où les Jésuites portugais ouvrirent une mission au XVIè siècle — mission qui fut ensuite persécutée, faisant 26 martyrs — on voit du latin ecclésiastique. Par exemple, ce magasin Oratio (shop) indique littéralement qu’il est question de la “Parole” de Dieu.
Dans la même veine, le latin du calendrier religieux médiéval s’affiche sur les murs d’une rue de Matsue (non loin de Izumo). Aprilis, Maius et Augustus sont les noms originels des mois d’avril, mai et août.
Mais — pour en revenir à la culture gréco-romaine de l’Antiquité — outre des mots, on peut également voir des personnages mythologiques ou historiques, qui sont devenus des marques de commerce et utilisés comme tels. Le dieu Jupiter ainsi que le cheval ailé Pégase (Pegasus, en latin) servent à vendre de la nourriture !
D’autres personnages antiques ont aussi leur place, comme, à Fukuoka, le colossal orateur grec, sculpté par le Français Bourdelle vers 1918 et symbolisant “L’Éloquence” eloquentia,
et même la déesse grecque des céréales, Déméter — toujours moderne puisque cette statue a été érigée dans le parc Ohori Koen de Fukuoka en 1975.
À Kobe, une amie japonaise, qui avait une formation en pharmacie, m’a montré le glossaire de racines latines et grecques qu’elle avait eu à étudier quand elle était plus jeune. Il est trilingue : japonais-latin et grec.
Et pour en finir avec ce (petit) échantillon de culture gréco-romaine, voici ce que j’ai découvert de plus insolite en un mois de séjour au Japon :
cette stèle, placée près de l’hôtel où je suis descendue à Kurashiki, est gravée en latin.
Le message qui y est écrit — Pax intrantibus, salus exeuntibus — signifie : “Paix à ceux qui entrent, salut (ou bonne santé) à ceux qui partent”.
N’est-ce pas un beau témoignage de l’hospitalité japonaise ?