Lors de mon voyage dans les îles hawaïennes, j’ai eu l’occasion de voir des orchidées sauvages dans le Parc des Volcans sur la Grande Île. Puis, en visitant les Akatsuka Gardens, près de Hilo, de découvrir quelques orchidées cultivées, parmi les milliers qui existent.
Je vous invite, pour le plaisir des yeux, à la découverte de ces étonnantes orchidées. Désolée de ne pas toujours connaître le nom précis de chaque fleur, même si — dénomination botanique oblige — il est en latin.
Étymologiquement, le mot “orchidée” vient du nom orchis (transposition latine du grec ορχις) qui signifie d’abord “testicule”, puis désigne la plante appelée “orchis”. C’est plus précisément, le diminutif ορχιδιον (orchidion, “petit testicule”) qui a donné le mot “orchidée”.
Cette dénomination provient de ce que les tubercules souterrains de certaines orchidées ressembleraient à ces organes. D’ailleurs l’inflammation des testicules s’appelle une “orchite” — dont Gustave Flaubert, dans son Dictionnaire des idées reçues, donne malicieusement la définition suivante : “Maladie de Monsieur.”
Outre leur nom relatif aux organes virils, les orchidées ont été symboliquement liées à la reproduction humaine dans de nombreuses civilisations — en Grèce antique, à Rome, chez les Gaulois et au Moyen-Orient, pour n’en citer que quelques exemples.
De plus, Dans la Chine ancienne, les orchidées étaient associées aux fêtes du printemps, où elles étaient utilisées pour l’expulsion des influences pernicieuses. La principale, il faut le préciser, était la stérilité. L’orchis, comme son nom l’indique, est un symbole de fécondation. D’ailleurs, en Chine encore, l’orchidée favorise la génération et elle est un gage de paternité (Dictionnaire des Symboles, coll. Bouquins, éd. Robert Laffont, p. 708).
Dans la Rome du premier siècle de notre ère, le naturaliste Pline l’Ancien fait l’inventaire des remèdes à base d’orchidées.
En effet, dans son Histoire Naturelle, il écrit : Mais il y a peu de plantes aussi merveilleuses que l’orchis ou serapias (orchis undulatifolia), … à racine formée de deux tubercules qui ressemblent aux testicules. Le tubercule le plus gros, ou, comme quelques-uns disent, le plus dur, pris dans de l’eau, excite à l’amour ; le plus petit ou le plus mou, pris dans du lait de chèvre, réprime les désirs amoureux … Le satyrion est stimulant ; il y en a deux espèces : l’une (orchis morio), … à racine double configurée comme les testicules humains, laquelle se gonfle une année, et revient l’année suivante à son volume primitif. L’autre espèce est surnommée satyrios orchis, et passe pour être la plante femelle. Elle guérit les tumeurs et les affections des parties génitales. La racine de la première espèce, donnée dans le lait d’une brebis de ferme, excite l’érection, et, prise dans de l’eau, la fait cesser (Histoire naturelle, Livre XXVI, § 62, traduction d’Émile Littré, Paris, 1877).
On constate que, selon les diverses croyances rapportées par l’écrivain latin, les orchidées (de même que la menthe) passent pour avoir des vertus aphrodisiaques !
En tout cas, Le Livre des Superstitions, qui recense les nombreux usages des orchidées (notamment dans la magie/sorcellerie en tant que talismans, philtres, mélange hallucinogène à fumer etc.), explique une des raisons de ces pratiques étranges. On suppose qu’une plante (appelée théombrotion), qui était utilisée dans une potion prescrite par Démocrite (philosophe grec mort au IVè siècle avant notre ère) pour avoir de beaux enfants, faisait partie de la famille des orchidées (op. cit., coll. Bouquins, éd. Robert Laffont, p. 1301)
Parmi les divers spécimens d’orchidées, le cattleya symbolise le jeu de séduction entre les personnages de Swann et d’Odette dans le roman de Marcel Proust Un amour de Swann. L’écrivain crée même la fameuse expression “faire cattleya” (= faire l’amour) — encore une façon d’associer ces fleurs à la sexualité !
Ces fleurs ont donc une aimable réputation. De plus, elles glorifient la pérennité de l’amour, puisque les “noces d’orchidées” célèbrent les cinquante-cinq ans de mariage d’un couple.
Mais en même temps La beauté de la fleur en fait cependant un symbole de perfection et de pureté spirituelles (Symboles, p. 708). C’est pourquoi, à Hawai’i, on tresse de nombreuses guirlandes (ou lei) avec des fleurs d’orchidées, offertes en signe de bienvenue et d’amitié.
Aux visiteurs des Akatsuka Gardens est proposé un petit test, divertissant et instructif.
Il s’agit de répondre à diverses questions de nature à définir la personnalité du répondant — une sorte de “portrait chinois” : si j’étais une orchidée, je serais …
J’ai tenté l’expérience, et en voici le résultat :
Il me restait à chercher MA fleur dans l’une des salles d’exposition.
Je l’ai trouvée :
Vous avez bien lu son prix : 1 000 $ (mille dollars américains). Excusez du peu !
Enfin, il ne faut pas trop croire les sondages …