Aujourd’hui, troisième lundi de janvier, on célèbre le Martin Luther King day, jour férié aux États-Unis. Coïncidence, c’est également l’anniversaire de naissance d’Edgar Allan Poe !
Voici donc l’occasion rêvée pour moi, après un récent et court séjour dans ces deux villes, d’évoquer Washington, capitale des États-Unis, où M.L.King prononça son fameux discours I have a dream, ainsi que Baltimore, où écrivit et mourut l’auteur de The Raven, poète admiré de Baudelaire.
Cependant, bien que l’Histoire moderne et contemporaine m’intéresse, j’ai surtout remarqué ce qui, dans ces lieux des États-Unis, anciennes terres d’accueil d’immigrants européens, avait trait à l’Antiquité gréco-latine.
Et je n’ai photographié que les bâtiments qui étaient exempts d’échafaudages !
Pour commencer, l’architecture de la Maison Blanche à Washington, comme celle d’autres bâtiments prestigieux, ressemble à celle d’un temple grec.
L’imposant édifice du Trésor, situé près de la Maison Blanche, possède également des colonnes aux chapiteaux ioniques et un fronton rectangulaire.
Et sur un des côtés du Trésor, on peut voir ce médaillon :
L’inscription, en latin, Thesaur. Amer. Septent. Sigil., abréviation de Thesauri Americae Septentrionalis Sigillum, signifie : Sceau du Trésor de l’Amérique du Nord.
La National Gallery (Musée des Beaux-Arts) possède aussi une architecture gréco-romaine, avec des colonnes et pilastres, des acrotères sur le toit et une frise où sont inscrits les noms des plus grands sculpteurs du monde, dont Phidias, le Grec qui contribua à la beauté du Parthénon d’Athènes.
Dans les parcs ou espaces entourant la Maison Blanche, on trouve encore d’autres monuments ou artefacts d’inspiration romaine ou grecque.
Une stèle figurant un soldat antique jouxte des soldats de la Guerre de Sécession (Civil War) qui a déchiré les États-Unis (alors non “unis”) de 1861 à 1865, tandis qu’un immense vase montre une scène dionysiaque, le cortège débridé des adeptes de Bacchus/Dionysos, dieu de l’Ivresse.
Outre Bacchus et Mars, d’autres dieux antiques font partie du “paysage” washingtonien. Voici encore les jumeaux, Diane, déesse de la Chasse accompagnée de son animal emblématique, la biche, et Apollon, dieu protecteur des Arts, de la Médecine et de la Lumière du soleil (donc peut-être symbole de l’Espace ?), représentés ci-dessous :
Enfin, la Virginie (état au Sud de Washington) arbore une fière devise en latin : Sic semper tyrannis = Qu’il en soit toujours ainsi pour les tyrans ! Sur son drapeau on distingue, en effet, Virginia (allégorie de la Virginie), semblable à la déesse Athéna/Minerve, terrassant un individu au sol, lequel représente la Tyrannie — système de gouvernement honni par les Grecs, les Romains … et les États-Uniens.
Quant au port de Baltimore (État du Maryland), il possède aussi des bâtiments à l’architecture néo-classique (Mouvement Greek Revival), avec pilastres et colonnes aux chapiteaux majoritairement ioniques.
Comme sur le Forum à Rome, il y a une sorte de “colonne trajane” ! Ici, elle est dédiée à la gloire de George Washington, sorte d’imperator des États-Unis.
Et les marins pêcheurs de crabes bleus (spécialité de Baltimore) se sont approprié l’Océan Atlantique comme les anciens Romains le faisaient avec la Mer Méditerranée, qu’ils considéraient comme une mer leur appartenant : Mare Nostrum (Notre mer).
Des équipes sportives américaines arborent encore une devise en latin. Et certains businessmen font de même.
J’ai vu l’une dans la vitrine d’un magasin de sport : Semper fidelis (“Toujours fidèle”), et l’autre à l’entrée d’un imposant building : Scuto bonae voluntatis tuae coronasti nos (“Tu nous as ceints du bouclier de ta bonne volonté”) :
Il y a aussi des personnages mythologiques.
Ici, c’est le prestigieux Orphée (sculpture de C. Niehaus) — inventeur de la Poésie lyrique — qui domine la ville, la statue inaugurée en 1922 ayant été déplacée sur les hauteurs de Fort Henry en 1962.
Et pour finir cet article, une trouvaille humoristique qui confirme que le latin peut être source d’amusement, même aux États-Unis, pays non conquis par les Romains !
Ce musée, intitulé Odditorium (mot-valise formé de l’adjectif anglais odd = bizarre + le nom latin auditorium = salle où on écoute), invite avec une musique entraînante les passants à visiter sa collection de personnages et objets bizarres qui ont été des records du monde !