Rosa, rosa, rosam … en mai

On ne sait pas avec certitude si le nom du mois de mai provient de Maia, nom de deux divinités différentes.

L’une, nymphe grecque, était la mère du dieu Hermès ; l’autre, déesse italique, personnifiait l’éveil de la nature au printemps, la fécondité et le renouveau.

Cependant, le mois de mai, bien qu’associé à la jeunesse, à la vitalité et à l’amour, était formellement déconseillé pour les mariages, dans la Rome de l’Antiquité.

Pourquoi ?

Selon Le Livre des Superstitions (coll. Bouquins, éd. Robert Laffont, p. 1053), le poète latin Ovide conseillait aux femmes de ne point allumer dans ce mois le flambeau de l’hyménée, sous peine de le voir devenir bientôt une torche funèbre. Le caractère néfaste de mai sinon pour tous les actes, du moins ceux d’ordre sexuel, viendrait du fait que les Romains célébraient au cours de ce mois la fête des Lémuries.

Les Lemuria (9, 11 et 13 mai) sont des cérémonies destinées à conjurer les maléfices des spectres et à purifier les lieux de leur souillure.

En effet, les esprits des morts (appelés lemures ou larvae, en latin) venaient hanter les maisons des vivants, les plus terribles étant les morts jeunes, dont on pensait qu’ils avaient gardé de la rancune. Ovide (dans les Fastes, V, vers 419 sq.) décrit le rituel que, de son temps, chaque maître de maison observait en privé. Pour exorciser les fantômes, il se levait à minuit et marchait pieds nus dans la maison tout en jetant neuf haricots noirs destinés à nourrir les fantômes, en guise de rançon pour les membres vivants de la famille que les fantômes auraient autrement enlevés.

Ce rite de la religion romaine relaté par le Dictionnaire de l’Antiquité (coll. Bouquins, éd. Robert Laffont, p. 568) fait penser à celui qu’accomplissent de nos jours encore les Japonais, lors de la fête de Setsubun (le 3 février). On jette des fèves de soja grillées noires à l’extérieur et à l’intérieur des maisons et des temples en prononçant la formule Oniwa soto, fukuwa uchi, qui signifie “Démon dehors, bonheur dedans !”

Mais, pour en revenir à la symbolique première du mois de mai, c’est-à-dire la régénération incarnée par Maia, l’hommage aux morts était, à Rome, symbolisé par des roses — elles-mêmes symboles de l’amour — que l’on déposait sur les tombes.

Le Dictionnaire des Symboles (coll. Bouquins, éd. Robert Laffont, p. 823) précise que les anciens nommaient cette cérémonie rosalia : tous les ans, au mois de mai, ils offraient aux mânes des défunts des mets de roses. Et Hécate, déesse des Enfers, était parfois représentée la tête ceinte d’une guirlande de roses à cinq feuilles. On sait que le nombre cinq, succédant au quatre, nombre d’accomplissement, marque le départ d’un nouveau cycle.

Coïncidence amusante, l’emblème des déclinaisons du latin — que certains disent être une langue “morte” — est justement Rosa, rosa, rosam …

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