Deux ou trois choses que je sais de la lavande

La lavande est une plante qui me fait penser à l’été. Mais elle a aussi une longue histoire.

Voici ce que j’ai appris à son sujet.

D’abord, le mot “lavande” vient de l’italien “lavanda”, qui signifie “qui sert à laver”.

En effet, depuis l’Antiquité gréco-latine, on met des brins de cette fleur, considérée comme purificatrice, dans l’eau destinée à la toilette et au lavage.

D’ailleurs, étymologiquement, “lavande” dérive aussi du verbe latin lavo (laver) qui a donné de nombreux mots français.

En font partie, de manière évidente : lavabo ( = “je laverai”, début d’une prière chrétienne en latin pendant laquelle le prêtre se lavait les mains pour les purifier, puis la pièce dans laquelle il accomplissait cette action), laver, lavoir, laverie, lavandière, lavage, lavement (pour “laver” les intestins), latrines (en latin populaire, pièce où il y a de l’eau), lavis (peinture délayant encre de Chine, couleurs ou sépia avec de l’eau), lotion (par déformation du participe latin lautus, “lavé”), lavette (mot populaire désignant un petit linge pour laver, puis un propre à rien, un individu sans énergie), lavasse (pour qualifier péjorativement une soupe ou un café insipide), et tous les noms composés avec lave-, comme lave-vaisselle, lave-linge, lave-glace, lave-auto etc.

De plus, le linguiste Jacques Cellard en énumère quelques autres, qui proviennent — non sans quelques déformations — du même verbe lavo : diluer, dilution, diluant, ablutions, déluge, diluvien, antédiluvien (d’avant le déluge), alluvion et alluvial (l’eau “lave” les rives).

Ces mots sont cités dans Les 500 racines grecques et latines, éd. Duculot, 1980.

Lavabo

Ensuite, c’est le savant Pline l’Ancien qui, au Ier siècle de notre ère, répertorie les vertus thérapeutiques variées de cette fleur, qu’il appelle de son nom grec στοιχας, en latin (lavandula) stoechas, parce qu’elle poussait dans les îles Stéchades (Στοιχαδες), près de Marseille (sans doute les îles d’Hyères).

Il la décrit ainsi dans son Histoire Naturelle (Livre XXVII, § CVII) : Stoechas in insulis tantum ejusdem nominis gignitur, odorata herba, coma hyssopi, amara gustu. Menses ciet potu ; pectoris dolores levat. Antidotis quoque miscetur = La (lavande) stoechas n’est produite que dans les îles du même nom ; c’est une plante odorante, avec une chevelure comme celle de l’hysope, au goût amer. Quand on en boit, elle fait aller à la selle ; et elle soulage les douleurs de poitrine. On en met aussi dans les antidotes (traduction personnelle).

Enfin, Le Livre des Superstitions (coll.  Bouquins, éd. Robert Laffont, p.965) signale que la lavande est associée aux relations amoureuses : les prostituées romaines s’enduisaient le corps d’huile de lavande. Car, pour ces femmes vouées vénalement au culte de Vénus, l’huile de lavande était à la fois une parure parfumée et un moyen contraceptif.

Dans son livre intitulé Les Bas-fonds de l’Antiquité, Catherine Salles dit que les applications locales, avant ou après les rapports sexuels, d’onguents à base d’huile, de miel ou de gomme balsamique témoignent d’une connaissance assez sûre des vertus de ces produits. L’action de l’huile en particulier sur les spermatozoïdes est connue de la médecine moderne (éd. Petite Bibliothèque Payot, 1994).

Mais la lavande n’était pas un recours uniquement pour les femmes “de mauvaise vie”. Même les honorables matrones l’utilisaient.

C’est encore Le Livre des Superstitions qui rapporte que les Romaines n’avaient pas le droit de boire du vin. Mais il paraît que, une fois l’homme parti à ses occupations, ces dames, avec la complicité d’un esclave soudoyé, savaient fort bien trouver la clé du cellier. Elles mâchaient des fleurs de lavande pour masquer leur haleine, et lorsque le mari rentrait, il trouvait simplement son épouse d’excellente humeur ce jour-là (p. 966).

Pour terminer cet inventaire (non exhaustif) des propriétés réelles ou supposées de la lavande, j’ajouterai :

que chaque signe astrologique est associé à une plante, et que, dans le zodiaque occidental, la lavande est associée au signe du Bélier.

Que le “bleu lavande” est une nuance assez claire de bleu/mauve.

Que la lavande est censée aussi soulager de la migraine la personne qui respire son parfum,

que des fumigations de lavande dans la chambre favorisent le sommeil parce que cela purifie l’air,

et que, selon une superstition populaire, se frotter les tempes avec de la lavande permet de faire des rêves prophétiques.

C’est plus que “deux ou trois choses que je sais d’elle” (pour plagier le titre d’un film de Jean-Luc Godard), mais qu’y puis-je ? Cette plante est une panacée !

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