… ou plutôt du “rye whiskey”— comme on dit aux États-Unis — du W.T.W., selon le monogramme du fondateur de la distillerie, William T. Walters (1819-1894), ainsi que, via son fils, du Musée Walters de Baltimore.
Brasseur et homme d’affaires, ayant bâti sa fortune non seulement sur le commerce des liqueurs fortes, mais aussi par des investissements bancaires dans les transports de son époque (bateaux à vapeur et chemin de fer), William Walters était un collectionneur avisé et constitua une des plus grandes collections d’objets d’art de la Côte Est.
Tel père, tel fils ! Henry Walters (1848-1931) hérita de l’entreprise et des goûts de son père, et géra bien les deux !
À son tour, il collectionna objets d’art antiques et tableaux. Il acquit en 1900 une Madone à l’Enfant de Raphaël — la première à être “importée” aux États-Unis — et fut un des premiers Américains à acheter des œuvres d’artistes français et belges du XIXè siècle, qui étaient alors ses contemporains.
En 1909, il fonda et ouvrit au public ce qui est devenu le Musée WALTERS, et le légua par testament à la ville de Baltimore “for the benefit of the public.”
L’architecture et la décoration du musée s’inspirent de l’Antiquité, de la Renaissance et du Baroque :
Au fronton d’une des salles d’exposition se trouve cette maxime, attribuée au médecin anatomiste flamand André Vésale “Genius lives on, all else is mortal” (Le génie demeure, tout le reste est mortel), datant de 1543.
Quant aux collections, elles contiennent des spécimens de presque toute l’Antiquité. Voici, par exemple, des sculptures égyptiennes et étrusques :
On peut admirer aussi de nombreux personnages de l’Histoire et de la mythologie gréco-latines — dont je parlerai dans de futurs articles.
Et pour la littérature romaine, elle est présente avec des ouvrages inestimables (parchemins enluminés et livres imprimés du Moyen Âge) :
Les peintres du XIXè siècle traitaient souvent de sujets empruntés à l’Histoire de Rome. C’est le cas du français Jean-Léon Gérôme et de l’anglo-néerlandais Lawrence Alma-Tadema, dont les peintures, un temps oubliées, influencent désormais les péplums cinématographiques et illustrent aussi beaucoup de manuels de latin !
À côté de la collection permanente, il y a également des expositions temporaires.
J’ai visité celle qui montrait, avec un souci pédagogique faisant la part belle à l’humour, l’évolution des cartes et moyens de communication au fil des âges :
Belle occasion de dire que les “livres” n’existaient pas, à l’époque romaine, sous la forme que nous leur connaissons, et que les pièces de Térence ou les poèmes de Virgile, dont nous avons vu ci-dessus des exemplaires du XVè siècle, figuraient sur des volumina (rouleaux de manuscrits) — mot qui a donné “volume”.
Le mot “livre” vient du nom latin liber qui désigne “la partie vivante de l’écorce” d’un arbre — sur laquelle on écrivait, ou qui servait de couverture protectrice au rouleau.
Pour finir, il est à noter que le Musée Walters ressemble, par sa création autant que par son contenu et sa gratuité d’accès (!), à la Glyptothèque de Copenhague, dont j’ai parlé dans un article intitulé Pourquoi je ne bois plus que de la bière Carlsberg.
Je ne voudrais pas faire pas l’apologie de l’alcool, mais force est de constater qu’à travers l’action de brasseurs mécènes, le whisky américain, comme la bière danoise, a su trouver, avec art, ses lettres de noblesse !