La période du 31 janvier 2014 au 18 février 2015 constitue l’année zodiacale chinoise du Cheval. Les principaux traits de ce signe sont la vitalité, la passion, le goût de l’aventure — qualités naturalistes qui ressortent des fonctions habituelles du cheval en tant que compagnon de l’être humain.
Il n’est donc pas surprenant de les retrouver dans le monde gréco-romain de l’Antiquité (mon dada !). En voici quelques illustrations.
En Grèce antique, le cheval était considéré comme un don divin.
Selon la légende, c’est Poséidon Hippios qui, lors de sa querelle avec Athéna pour la possession de leur cité, l’a offert aux Athéniens. En l’occurrence ce don prestigieux n’a pas suffi, puisque la déesse l’a emporté en offrant l’olivier ! Mais, finalement, les Athéniens, prudents, honoraient à la fois Athéna et Poséidon pour que leurs expéditions maritimes soient couronnées de succès. La frise ornant le Parthénon sur l’Acropole, montre la magnifique parade des chevaux et cavaliers lors de la procession des Panathénées, célébrée tous les quatre ans à Athènes en l’honneur de la déesse éponyme (cf. Londres, octobre 2013).
Poséidon (dieu des Mers) et Hadès (dieu des Enfers) possèdent chacun un char attelé de chevaux, symbolisant la force et la rapidité de leurs interventions.
Pour la même raison, Niké (allégorie de la Victoire) conduit souvent le char du triomphe, comme on le voit, par exemple, au sommet de ce monument (Wellington Arch, Londres) :
Cependant, la déesse des Chevaux est Epona, divinité celte protectrice des montures et des cavaliers, à laquelle les Romains de l’époque impériale vouèrent un culte fervent qu’ils répandirent en Europe. Elle fut introduite à Thessalonique (Grèce) au début du IVè siècle de notre ère par le tétrarque Galère (Caius Valerius Galerius).
En Grèce, posséder un cheval était une marque de richesse et l’apanage de l’aristocratie. Jamais animal de trait, le cheval n’était utilisé que pour des tâches nobles : la chasse, la guerre, la course de chars, en plus de la parade.
Cette stèle funéraire (époque inconnue) du Musée archéologique de Thessalonique montre une chasse au sanglier. L’animal était si redoutable que des honneurs étaient décernés au tueur de sanglier. Ici, la présence du serpent dans l’arbre symbolise le fait que le défunt sur son cheval est plus qu’un chasseur, un héros.
Dans l’armée antique la cavalerie était un corps d’élite, réservé à l’aristocratie.
D’autre part, les chefs légendaires possédaient des chevaux exceptionnels.
Par exemple, Bucéphale (cheval “à tête de boeuf”) guerroya avec Alexandre pendant vingt ans et mourut au combat ; à sa mémoire fut fondée la ville de Bucephala, en Asie centrale. Jules César, dont le cheval avait des sabots fendus comme des orteils, s’était vu prédire, à cause de ce phénomène, un avenir glorieux. Il fit élever une statue en l’honneur de ce cheval. Quant à Hannibal, frugal et rude Carthaginois, il ne se distinguait de ses soldats (dont il partageait l’ordinaire) que par “ses armes et ses chevaux”, qu’on admirait (écrit l’historien Tite-Live).
Dans l’iconographie chrétienne, c’est à cheval que les grands saints, tels saint Georges ou saint Michel, combattent le Diable (icône du Musée de la Culture byzantine à Thessalonique), symbolisant les liens entre l’Église et la Chevalerie en Occident :
Parmi les loisirs antiques les plus populaires, il y avait les courses de chars.
Les Grecs puis les Romains se passionnèrent pour elles. Le riche athénien Alcibiade engagea plusieurs chars aux Jeux Olympiques de 424 avant notre ère, obtenant ainsi les deux premières places : en effet, la victoire revenait au propriétaire du char, et non à l’aurige (cocher) ! Au Ier siècle, l’empereur Néron participa lui-même à des courses de chars, au grand dam des sénateurs romains !
Cette mosaïque d’une villa romaine de Thessalonique témoigne de l’enthousiasme perpétué des Grecs aux Romains au IIIè siècle de notre ère.
Il est difficile d’épuiser un tel sujet ; il faudrait aussi parler des chevaux fabuleux (Pégase, les juments cannibales de Diomède) et d’autres créatures mythologiques (les Centaures, les Amazones) etc.
Cependant, pour finir, mentionnons le legs linguistique dû au Cheval.
Du grec hippeus (hippos) dérivent des mots savants, comme ” hippique, hippopotame, hippocampe, hippophagique, Philippe” etc. Du latin equus viennent également des mots savants, comme “équestre, équitation, équidé” etc. Tandis que le mot “cheval” provient du mot gaulois caballus qui désignait un “mauvais cheval” et appartient à un registre populaire. Plus “populaire” encore est le mot joual (déformation du mot “cheval”), qui désigne le parler populaire au Québec !