Ce cliché météorologique de températures hivernales est éloquent : on parle au Québec et à Ottawa de “froid arctique”.
Mais d’où vient le mot “arctique” (avec son C non prononcé) ?
“Arctique” vient du nom grec αρκτος (arktos, le Kappa devenant C en français).
Arktos ou Arctos (masculin ou féminin selon son déterminant) est polysémique. Il signifie “ours/ourse” et désigne d’abord l’animal, puis les constellations (“Ourse”, “Grande” et “Petite”). Il signifie également “le Nord”.
Dans son Livre des Superstitions (coll. Bouquins, éd. Robert Laffont, p. 1317 sq.), Éloïse Mozzani décrit plusieurs croyances, surtout liées à la Grande Ourse. Pour ce qui est de la Petite Ourse, l’auteure signale que : la dernière des étoiles qui la composent est l’étoile polaire, astre fixe et toujours visible qui indique le nord. Le nom de ces deux constellations remonterait au grec Thalès.
Thalès de Milet (VIIè-VIè siècles avant notre ère) était philosophe, astronome et géomètre. On lui doit le fameux “théorème de Thalès”. Il connaissait aussi les récits de la mythologie grecque qui associaient Grande Ourse (Callisto, nymphe aimée de Zeus, fut transformée en ourse) et Petite Ourse (Arcas, fils de Callisto et Zeus) — personnages immortalisés en constellations. D’où le jeu sur le mot arctos = ourse, nord, étoile polaire.
L’étoile polaire joue dans la symbolique universelle un rôle privilégié, celui de centre absolu autour duquel, éternellement, pivote le firmament (Dictionnaire des Symboles, coll. Bouquins, éd. Robert Laffont, p. 418).
Au pôle Sud, on a l’Antarctique (du grec αντι anti = opposé, + arctos) !
Pour finir, en cette période encore proche des contes de Noël, voici l’Histoire de la Grande Ourse citée par Claude Roy (poète du XXè siècle) dans Trésor de la poésie populaire :
Il y avait une fois un grand laboureur. Deux voleurs lui dérobèrent une paire de boeufs. Il envoya son garçon après les voleurs. Comme il ne reparaissait pas à la maison, il envoya la fille après le garçon ; le chien de la maison suivit la fille. Au bout de quelques jours, comme ni le garçon ni la fille ne revenaient à la maison, il alla lui-même à leur recherche. Comme il ne pouvait les trouver nulle part, il se mit à blasphémer et à maudire. Il fit tant de malédiction contre les voleurs, que Dieu, pour le punir, condamna le laboureur, avec ses deux domestiques, les deux voleurs et les bœufs, à marcher l’un à la suite de l’autre jusqu’à la fin du monde, et les plaça au ciel dans les sept étoiles. Les bœufs sont dans les deux premières étoiles, les voleurs dans les deux suivantes, le garçon dans l’étoile qui vient après, la fille dans la seconde étoile isolée, et le chien à côté dans une autre toute petite étoile, enfin le laboureur après tous, dans la septième étoile.