La Beauté est une joie éternelle, dit-on. Elle était, en tout cas, un souci important des femmes dans l’Antiquité gréco-romaine si l’on en juge par les nombreux artefacts exposés dans différents musées.
Cela m’amène à parler des soins de beauté notamment des Romaines au premier siècle de notre ère, avec plusieurs explications empruntées au fin connaisseur que fut le poète Ovide (L’Art d’aimer, traduit par Henry Bornecque).
Comme pour les élégantes de nos jours, le rituel de la toilette féminine antique comprenait le maquillage, la coiffure, le choix des vêtements et des parures.
Pour se maquiller, les femmes disposaient de poudre de craie ou de céruse (c’est du carbonate de plomb, très toxique). Une peau “blanche comme neige” (nivea) était un critère de beauté aristocratique — pâleur que faisaient ressortir les rouges de la “lie de vin” (faex), ou des baies ou “racines broyées avec de la graisse de brebis” (oesypum), en guise de rouge à lèvres et de fard à joues.
Les Grecques, elles, utilisaient du miltos (substance minérale rouge) broyé, pour poudrer les joues ; mélangé avec de l’huile d’olive et de la cire d’abeille, il servait de rouge à lèvres. Les yeux et sourcils étaient noircis de “cendre fine” (tenuis favilla) et de safran (crocus).
Voici un nécessaire de maquillage, datant des années 40-60 de notre ère et trouvé à St Albans, Hertfordshire (Royaume-Uni), exposé au British Museum :
Hommes et femmes prenaient soin de leur corps aux thermes ou à la maison. Cette amphore grecque à figures rouges du IVè siècle avant notre ère montre des ablutions féminines (National Gallery of Victoria, Melbourne) :
Par Ovide et d’autres auteurs, on sait quels étaient ces soins : d’abord, le bain (avec éponge et herbes saponifères). À signaler, le bain au lait d’ânesse, qui préserve la blancheur délicate de la peau. Pline l’Ancien écrit que Poppée, deuxième épouse de Néron, voyageait avec un troupeau d’ânesses pour assurer son bain quotidien (Histoire Naturelle, XXVII, 50) — ce qui lui donnait une peau magnifique !
Puis les masques de beauté du visage (à base de mie de pain et de lait), l’épilation (avec de la mie de pain roulée, une pierre ponce ou des pinces), les massages (la peau, enduite d’huile, était ensuite raclée avec un strigilis, racloir — on en voit un ci-dessous 2ème instrument à gauche en partant du haut), l’hygiène des dents et de la bouche (avec cure-dents faits d’épines de lentisque), et enfin des parfums, venus de Grèce ou du Moyen Orient.
Voici des pinces à épiler grecques, visibles au Musée archéologique de Thessalonique (Grèce), et un flacon de parfum en verre bleu, ayant la forme d’un oiseau et appelé askos, utilisé à Pompéi.
Les soins des cheveux féminins exigeaient l’habileté d’une ornatrix (esclave-coiffeuse). Celle-ci savait les teindre (avec des Germanis herbis, herbes de Germanie, pour les cheveux blancs), les décolorer (avec de l’urine, suivie d’un séchage au soleil), les entretenir (avec cervae medullae, des moelles de biche), les coiffer (boucles sinus, chignon nodus, recours à des postiches faits de cheveux blonds coupés à des femmes de Germanie) et les arranger (avec des rubans, diadèmes et acus crinalis, épingles à cheveux).
On voit ci-dessous une femme se coiffant et se regardant dans un miroir (fresque de Stabies, Italie) ainsi qu’un miroir en argent (de Pompéi) et des épingles à cheveux :
Cependant, les excès dans le domaine des soins de beauté faisaient l’objet de satires.
Ovide invite les hommes à soigner leur tenue, pour séduire, mais blâme les efféminés. Il fait allusion aux prêtres de la déesse Cybèle, des eunuques, qui agissaient comme des femmes, en se faisant friser les cheveux artificiellement (ferro torquere placeat) et en s’épilant les jambes par le frottement d’une pierre ponce (mordaci pumice crura terras).
Martial s’est lui aussi abondamment moqué des excès d’élégance. Voici une courte épigramme à l’adresse d’une femme qui arbore un postiche : Jurat capillos esse, quos emit, suos/ Fabulla : numquid illa, Paule, pejerat ? Fabulla jure que ses cheveux, qu’elle a achetés, sont vraiment les siens : fait-elle un faux serment, Paulus ?
À en juger par ces bustes, les coiffures étaient très élaborées :
Beauté des femmes, certes !
Mais laissons le mot de la fin à Ovide, critique à l’égard de la sophistication : Ars faciem dissimulata juvat (L’art n’embellit que s’il ne se montre pas).
Vaste sujet de discussion, toujours actuel !
Merci beaucoup pour ce très bel article
Me permettez vous de le poster sur le site “ma planète” ?
Annie Lamadon
Merci de votre commentaire. Je vous autorise à poster mon article sur le site “ma planète”, en précisant la source.
Pourriez-vous, s’il vous plaît, me donner l’adresse URL du site “ma planète” ?
Bonne journée !
Catherine Aguillon