Sauf son intitulé (Cheimônas, Hiver, en grec moderne) et sa date (IIIè siècle de notre ère, période où la Grèce est encore romanisée), il n’y a pas de notice explicative sur cette mosaïque exposée au Musée archéologique de Thessalonique.
Mais on peut trouver quelques raisons pour justifier son titre.
C’est une allégorie.
Elle représente un personnage aux yeux clairs, la tête et le corps enveloppés d’un himation, sorte de manteau porté à l’extérieur tant par les hommes que par les femmes. Ce personnage est muni d’ailes et coiffé de branches d’olivier.
La présence d’ailes indique une divinité ou une spiritualité, comme en étaient traditionnellement dotées les sculptures de Νικη (Niké, Victoire). Quant à l’olivier, il symbolise également la victoire, mais aussi la fécondité, selon le Dictionnaire des Symboles (coll. Bouquins, éd. Robert Laffont, p. 699).
C’était principalement en hiver qu’étaient célébrés les mariages dans la Grèce antique, parce que c’est la période où l’activité agricole est le plus réduite, selon le Dictionnaire de l’Antiquité (coll. Bouquins, éd. Robert Laffont, p. 609).
On les célébrait particulièrement au mois de Gamélion (nom pour désigner la période s’étendant, à Athènes, du 21 janvier au 20 février). Le nom du mois provient lui-même du nom γαμος (gamos, mariage), et a donné les mots français contenant la racine -game ou -gamie, comme “monogame, polygame, phanérogame, gamète, endogamie, exogamie, polygamie” etc.
Or les dieux grecs du Mariage étaient Zeus et Héra, couple régnant sur l’Olympe. L’olivier était surtout consacré à Athéna, mais il était aussi associé à Zeus (une couronne d’olivier récompensait les vainqueurs aux Jeux Olympiques, dédiés à Zeus).
Quant à Héra (Junon à Rome), elle protégeait l’institution du mariage ainsi que la femme mariée et les accouchements.
Il est difficile, pour le public moderne, de discerner si le personnage de la mosaïque est une figure féminine (Victoire ailée) ou bien une figure masculine (à cause de l’olivier de Zeus).
Mais il est encore plus difficile, pour les Canadiens qui endurent un rude climat hivernal, d’imaginer que c’est là une représentation de l’hiver grec !