Pour compléter les articles précédents sur l’école, voici un mini-lexique sur le matériel scolaire et son origine.
1. Papier :
Ce mot vient de papyrus, qui désigne un roseau d’Égypte.
À partir de cette plante qui pousse dans le Nil, les Égyptiens ont inventé le support écrit appelé “papyrus”. Les feuilles de “papier” obtenues formaient une longue bande, enroulée autour d’une baguette. La sécheresse du climat égyptien a permis la conservation de nombreux textes grecs et latins écrits sur des papyrus, dont l’étude maintenant s’appelle la “papyrologie”.
2. Stylo : (abrégé de “stylographe”).
L’étymologie du terme est le latin stilus (ou stylus), qui désigne un objet pointu pour graver. Ce matériel, Cicéron l’emploie métaphoriquement pour désigner le style : stilum prendere signifie “prendre son style, sa plume” (selon le Dictionnaire latin-français Gaffiot) — ce qui est un sens toujours actuel.
3. Tablette :
Les Romains ont développé la technique des tablettes enduites de cire et reliées par des charnières, qu’on peut prendre bien en main pour écrire des notes (avec un stilus). Leur nom latin pugillares a pour étymologie l’adjectif pugillaris, qui signifie “gros comme le poing”.
Ce sont les ancêtres du livre — lequel sera imposé peu à peu par l’Église chrétienne au IVè siècle.
Il est tentant de penser que, par analogie formelle, ces tablettes de cire sont aussi les ancêtres de nos “tablettes” modernes, iPads etc. Si bien que l’expression ancienne “noter (quelque chose) dans ses tablettes” connaît une nouvelle jeunesse !
La fresque de Pompéi ci-dessous, censée représenter la poétesse grecque Sapho, montre une jeune femme qui tient un calame (ou stylus) et des tablettes. À côté se trouve le matériel d’écriture du temps des Romains (Musée de Conimbriga, Portugal).
Mais, comme les tablettes s’effaçaient facilement (on grattait ou faisait fondre la cire qui couvrait la plaque de bois), il fallait avoir une bonne mémoire pour conserver ce qui avait été “noté dans les tablettes”.
Enfin, bien que ce ne soit pas à proprement parler du “matériel”, voici l’origine d’un terme souvent utilisé à l’école.
4. Texte :
Le nom textum (“tissu”, “étoffe”) provient du verbe texere, qui signifie “tisser, tresser”.
Dans l’Antiquité, les textes sont écrits sans séparer les mots ni les phrases, sans ponctuer.
Ceux qui écrivent placent le titre à la fin d’un rouleau, qu’on lit en le déroulant (en latin explicare veut dire “déplier”, “dérouler”) progressivement et en l’enroulant sur une autre baguette.
Le rouleau se dit en latin volumen, du verbe volvo, qui signifie rouler — et qui est de nos jours une marque de voitures ! Sur les sculptures ou fresques, cet accessoire indique un homme lettré, à l’instar du poète Virgile écrivant l’Énéide.
La photo d’en-tête, prise au Musée Archéologique de Lisbonne (Portugal), montre un philosophe tenant aussi un volumen. Tandis qu’un autre volumen est placé dans les mains de l’orateur Démosthène (visible à la Glyptotek de Copenhague, Danemark).
En français moderne, “un volume” désigne encore un livre, et quand on fait une “explication de texte”, littéralement on “déplie” on “déroule un tissu”. Il est, de plus, possible que lorsqu’on arrive à la fin de sa lecture, on soit “au bout du rouleau”, dans un certain état de fatigue !
D’ailleurs le champ lexical du “textile” imprègne notre vocabulaire : on parle de la “trame” du récit, du “nœud” de l’intrigue, de “perdre le fil” de son discours, d’une histoire “cousue de fil blanc”, d’un “tissu de mensonges”, de “la Grande Toile” du web, de “broder” un récit etc.
Tissu, fil, métier à tisser, instruments servant à filer ou à tisser (fuseau, quenouille) sont tout autant de symboles du destin. Ils servent à désigner tout ce qui commande ou intervient dans notre destin … Tisser, c’est créer des formes nouvelles (Dictionnaire des Symboles, coll. Bouquins, Éd. Robert Laffont, p. 950).