Jules César et compagnie

Pourquoi ce titre : “Jules César et compagnie” ?

C’est le 15 mars (jour des Ides), en 44 avant notre ère, que fut assassiné à Rome Caius Julius Caesar, alias “Jules César” ou simplement “César”.

La liste est longue des auteurs (historiens, romanciers, dramaturges, cinéastes et dessinateurs) qui en ont fait la biographie. Mais sa popularité moderne doit beaucoup à la B.D., où il apparaît dans la série des Alix et des Astérix.

Ainsi le nom de “César” est-il encore bien connu. Cependant, sous cette même appellation se cachent Jules César ainsi que d’autres personnages et marques de commerce qui n’ont que peu à voir avec le dictateur romain !

C’est pourquoi j’ai intitulé cet article “Jules César et Compagnie”, et je fais la preuve, par quelques images garanties authentiques, du rayonnement encore actuel de son nom.

Ayant exercé tous les pouvoirs, politique, militaire, religieux, et même culturel — car c’était aussi un écrivain dont Cicéron soulignait, dans le Brutus, traité d’art oratoire, la pureté de la langue et du style en latin — Jules César a été très puissant et riche, à Rome.

Symbole du luxe à l’époque moderne, son nom désigne un grand hôtel de Las Vegas (USA) :

César Palace

Dans cet hôtel, on rencontre, devant les machines à sous, une statue dite de “César”

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mais, en réalité, il s’agit d’Auguste, le premier empereur.

L’erreur n’est pas si grande car celui-ci, ex-Octave, avait ajouté le nom de César à son propre nom, parce qu’il était son petit-neveu. D’ailleurs, selon le Dictionnaire de l’Antiquité (coll. Bouquins, éd. Robert Laffont, p. 196), bien que la branche des Césars de la gens Julia se soit éteinte avec la mort de Néron, les empereurs suivants choisirent de prendre ce nom comme titre, jusqu’à ce qu’Augustus (Auguste) devînt le titre de l’empereur régnant, et Caesar celui de son successeur désigné ou de son second.

Ainsi “César”, signifiant “éléphant” chez les Carthaginois, fut le surnom donné à un ancêtre Julius qui tua un pachyderme lors des Guerres Puniques.

Jules César, lui, donna son nom au césarisme, au csar (ou tsar) de Russie, au Kaiser prussien — bref, à un système ou à des hommes politiques exerçant un pouvoir absolu.

Ce qui rappelle, sans aucun doute, l’importance de son nom.

Ce nom, on le retrouve en France, sur un yacht luxueux :

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et, toujours dans le domaine du luxe, à Prague, dans un magasin de cristallerie :

Cristallerie César à Prague

Le voici associé à une grande rue de Sendai (Japon), bien loin des frontières de l’ancien empire romain !

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Cependant Jules César a été avocat, sénateur, consul, dictateur et général en chef (imperator), mais jamais musicien populaire :

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ni opticien-lunetier à Paris :

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encore moins plombier-chauffagiste à Ottawa (Canada) !

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Il n’a, non plus, rien à voir avec la salade César (“Caesar Salad”) —

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salade qui aurait été créée au Mexique en 1924 par un certain Caesar Cardini, restaurateur d’origine italienne. Mais l’image publicitaire de ce produit vendu dans certains supermarchés, avec le logo “soldat romain” qui le rehausse, entretient l’ambiguïté sur le nom !

La Rome moderne n’est pas en reste pour entretenir cette ambiguïté, puisqu’on y trouve une pizzeria à l’enseigne de “César” :

Pizzeria César à Rome

De même, il n’est pour rien dans le nom des trophées cinématographiques accordés à Paris depuis 1976. Ces fameux Césars sont des reproductions d’une compression réalisée par le sculpteur César, et non une émanation de Jules César !
D’ailleurs, une autre création artistique de ce sculpteur aurait pu plaire aux Romains amateurs des jeux du Cirque, le pouce baissé ou levé —

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jeux du Cirque où les gladiateurs prononçaient la célèbre formule : Ave, Caesar, morituri te salutant (Salut, César, ceux qui vont mourir te saluent). Formule qui est devenue l’enseigne d’un stand de restauration rapide à Buenos Aires (voir photo en-tête) !

Et, pour finir sur une touche surréaliste, les poètes français Paul Éluard et André Breton ont dit : Il faut prendre à César tout ce qui ne lui appartient pas.

C’est une allusion parodique à la fameuse réplique du Christ — à qui on demandait s’il était permis aux Juifs de payer l’impôt à “César” (c’est-à-dire l’empereur régnant à Rome en ce temps-là) — et qui répondit : Rendez à César ce qui est à César … et à Dieu ce qui est à Dieu !

P.S. Merci à mon amie Brigitte pour les photos de Las Vegas.

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